1856 – 1939 L’Histoire du Golf en France 

Art de vivre et sport

Paru chez L’Harmattan , un ouvrage sur l’histoire du golf en France de 1856 à 1939.

Écrit par Jean-Yves Guillain , docteur en histoire du sport, il s’agit du premier éclairage exhaustif sur les débuts du «noble jeu de golf» sur le territoire français.

\bullet Bibliographie:

 La période constitue à la fois le moment de l’apparition du phénomène golfique et celui de ses bases, sur lequel il est toujours assis, sont définitivement établies. C’est en quelque sorte « l’âge d’or » du golf français, époque où les premiers liens sont construits, où les clubs les plus …

Golf, un sport (presque) comme les autres

Victime de son image plus que de son coût, le golf hexagonal tente de se refaire une réputation pour élargir son public

Euphémisme:

le golf en France n’est pas une image très populaire. Sport bourgeois par excellence, il ne s’agit pas d’un tombeau dans la tradition familiale ou sociale. Il ne se fait pas que dans des endroits luxueux là où monsieur et madame Tout-le-monde n’est pas admis. Mais cette vision bien française, qui stigmatise souvent les signes extérieurs de la richesse, le golf est assimilé à dépenser, perdre de vue l’essentiel. C’est avant tout un sport de plaisir qui ne laisse jamais de marbre ceux qui ont la curiosité de l’essayer. Il serait faux de jouer au golf est accessible à tous au même titre que le football ou le judo. Pourtant, depuis quelques années, son image évolue et le prix de sa pratique baissent. Il est devenu plus facile et moins cher d’essayer le golf.


par Benjamin Pruniaux

Le premier ennemi du golf en France serait sa réputation élitiste avant son coût. Une image d’Épinal propre à la France qui établit naturellement un pont entre golf et argent. “Ce sport souffre d’un problème d’image à la base, considéré comme élitiste et bourgeois”, explique Arnaud Degarne, commentateur et responsable éditorial à Golf Channel. “Il faut préciser que cette image négative est propre à la France. Dans d’autres pays, c’est comme jouer au football, et ce n’est pas du tout rare d’avoir ses clubs de golf dans son coffre de voiture.” Mais d’où provient cette image bourgeoise du golf ? “En France, on jouait au golf il y a 30 ans pour s’acheter une image sociale, pour se faire voir, et pas pour le jeu lui-même.

C’est tout à fait différent aux États-Unis ou en Grande Bretagne, où l’on considère le golf comme « un vrai sport”, analyse Arnaud Tillous, rédacteur en chef du Journal du golf. Les greens ne sont certes pas les lieux les plus ouverts qui soient, certains préjugés rendant difficile pour celui qui s’y intéresse d’en franchir le seuil. “Même pour un golfeur affirmé, ce n’est pas toujours simple, admet Arnaud Tillous. Pour ce qui est d’accéder aux plus beaux terrains, la difficulté est encore plus grande. Dans les golfs publics et commerciaux, la démarche est plus aisée. Il existe beaucoup de préjugés mais aujourd’hui, la plupart des golfeurs veut en finir avec cette image d’un milieu très fermé.”

Parcours initiatique all inclusive

Est-il vraiment plus facile et moins cher qu’on ne le pense de jouer au golf ? C’est possible. Car il existe effectivement deux golfs aujourd’hui. Celui joué dans les endroits très selects, et le sport plus accessible que l’on pratique dans les golfs commerciaux où tous les golfeurs sont acceptés. Initiations, journées portes ouvertes, réductions des tarifs, les offres sont devenues légion pour casser les murs invisibles des club houses. “En 2015, nous proposons des initiations gratuites et des journées portes ouvertes à différents moments de l’année”, annonce Renaud Porthault, chargé de communication chez Blue Green, gestionnaire d’une cinquantaine de golfs commerciaux en France. “Nous formons 6 000 nouveaux golfeurs chaque année et cela débute bien souvent sur des sessions collectives de 2 heures, encadrées par un enseignant, avec un groupe de 8 personnes maximum. Ce sont le plus souvent des gens qui viennent en famille ou entre amis.”

Après une présentation du sport, les débutants sont amenés sur le practice pour apprendre à frapper de longs coups, puis sur un green (la zone autour du trou) pour découvrir le putting. Après cela, les participants découvrent en compagnie de l’enseignant un vrai trou du parcours, un des plus simples, pour le jouer dans les conditions réelles. “Nous sommes une entreprise commerciale, poursuit Renaud Porthault. Nous proposons ensuite des enseignements à un tarif préférentiel.”

“En France, on jouait au golf il y a 30 ans pour s’acheter une image sociale, pour se faire voir, et pas pour le jeu lui-même. C’est tout à fait différent aux États-Unis ou en Grande Bretagne, où l’on considère le golf comme un vrai sport”

Préférentiel ? Les golfs Blue Green proposent deux formules pour les débutants. Le “Passeport 5 mois”, destiné à apprendre les bases et à décrocher en fin de cycle la carte verte, sésame obligatoire pour pouvoir évoluer ensuite librement sur la plupart des golfs. Ainsi, pour 90 euros mensuels pendant 5 mois, vous disposez de 25 heures de cours, du passage de la carte verte, et de l’accès au parcours débutant. La formule “All inclusive 1 an”, pour 112 euros par mois, donne droit entre autres à 43 heures de cours sur l’année, 20 sauts de balles pour le practice et 6 mois d’accès libre au parcours du golf de votre enseignement, ainsi qu’une demi-série de clubs offerte. “C’est une discipline accessible. On ne peut pas dire que le golf soit peu cher, mais il est abordable, surtout en fonction des heures passées à jouer”, conclut Renaud Porthault.

Floraison d’offres

La Fédération française de golf (FFGolf) entend aussi jouer un rôle dans cette ouverture et propose des offres d’appel. “On va développer cette année le produit Go for golf, en 4 heures de cours, avec 4 sauts de balles pour 59 euros sur un mois, explique Pierre Lasfargue, directeur territoires & services à la FFGolf. Il s’agira de proposer aux gens qui débutent un produit ne les obligeant pas à suivre tous les cours au même endroit. L’idée est d’avoir une unité des offres en France pour que ce soit plus facile à vendre.”

Le Paris Country Club, à Ruel-Malmaison, et son golf 9 trous de l’ouest parisien huppé, dispose lui aussi d’offres pour les néophytes. Un forfait 4 mois à 103 euros mensuels, donnant droit à 4 heures de leçons hebdomadaires, le prêt de matériel, les balles à volonté et un accès illimité au practice jusqu’à l’obtention de la carte verte. “Cela permet d’apprendre à jouer et d’accéder à la carte verte par un examen en contrôle continu, où le niveau, mais aussi le comportement, sont importants ; c’est ce que l’on appelle en golf, ‘l’étiquette’ ”, présente Philippe Thézier, directeur sportif du Paris Country Club. Une formule moins intensive, sur un an, à 57 euros par mois et deux heures de cours hebdomadaires, existe également et peut paraître plus avantageuse pour les débutants plus patients ou disposant de moins de temps.

École de golf réputée et proche de Paris, le Country Club ne pratique pas pour autant les prix les plus hauts de la région par rapport à son cadre agréable. “Ce n’est pas forcément onéreux pour débuter, analyse Marc Lefébure, du service marketing et communication. Le golf, s’il reste occasionnel, n’est pas excessif, mais si on y joue plus souvent, avec un équipement de meilleure qualité, ça devient onéreux, comme peut l’être l’équitation.”

Surtout, pratiquer le golf n’exige pas obligatoirement d’appartenir à un club. Une fois la carte verte obtenue et la période d’apprentissage terminée, une nouvelle vie de golfeur se présente, avec l’ouverture d’un grand nombre de parcours de France. Il est alors possible de jouer en “green fee”, c’est-à-dire de réserver une place sur un parcours n’importe quand, contre un certain forfait qui varie selon les golfs et les périodes de la semaine ou de l’année. Un green fee toujours plus élevé les week-ends.

“Une partie de golf de 4 heures pour un green fee de 30 euros par semaine, ce n’est pas excessif du tout, estime Renaud Porthault. Si la personne accroche vraiment, en y jouant entre 20 et 25 fois dans l’année, il est intéressant de s’abonner à un golf et d’y aller quand on veut. En région parisienne, c’est environ 1 300 euros l’année chez Blue Green. En région, les abonnements tournent autour de 700 à 800 euros, et les parcours 9 trous sont encore moins chers.” Dans un rythme de loisir, jusqu’à une fois par mois, il reste plus avantageux de jouer en green fee, surtout que certaines offres sont disponibles un peu partout et à travers la Fédération française (il faut alors être licencié, 52 euros/an pour les adultes). Au final, en fourchette basse, “il revient environ à 50 euros par mois de se mettre au golf”, résume Arnaud Degarne.

Équipement à portée de bourse

Du côté de l’équipement et du matériel, très importants pour ce sport, tous les prix existent aujourd’hui. Les premiers prix sont dorénavant très abordables dans des magasins comme Go Sport ou Décathlon, qui proposent des demi-séries (les 6 ou 7 clubs indispensables et le sac) à partir de 120 euros. “On trouve aujourd’hui des gants à partir de 9 euros et des chaussures de golf à partir de 50 euros”, précise Paul Fitussi, qui a organisé dernièrement la première Braderie du golf à l’Espace Champerret à Paris, pour trouver du matériel de qualité en fin de série à prix cassés. “Il faut compter environ 500 euros en tout pour arriver sur un vrai parcours avec son propre matériel et commencer à véritablement prendre du plaisir”, poursuit-il.

Nous restons bien sûr éloignés des prix d’autres sports plus populaires. “Il y a une différence entre les golfs associatifs et les golfs commerciaux ; les seconds sont plus facilement accessibles et ils sont créateurs de licence, car ils attirent de nouveaux pratiquants”, analyse Philippe Thézier, directeur sportif du Paris Country Club.

“Il existe effectivement deux golfs aujourd’hui. Celui joué dans les endroits très selects, et le sport plus accessible que l’on pratique dans les golfs commerciaux où tous les golfeurs sont acceptés”

Aujourd’hui, le golf dans l’Hexagone, c’est environ 400 000 licenciés sur 800 000 pratiquants. Pour la première fois depuis la création de la Fédération française de golf, le nombre de licenciés a baissé en 2011 alors que dans le même temps, le nombre des personnes qui y jouent aurait plutôt tendance à grimper. Pour la fédération, il s’agit aujourd’hui d’attirer de nouveaux golfeurs sur les greens tout en leur faisant prendre des licences. “Il faut activer la notion de plaisir”, insiste Paul Fitussi, également directeur du Salon du golf qui aura lieu au Parc des expositions de Paris du 19 au 21 mars. “En France, 2,5 millions de personnes s’y sont essayées, mais il y a beaucoup de frustration car c’est un sport très technique, les gens doivent répondre à cette notion.” La perte de licenciés est un problème que connaissent les États-Unis depuis quelques années, et la France a décidé de réagir rapidement en s’inspirant de la réponse américaine.

Le problème français est dû aux infrastructures pourtant nombreuses mais pas toujours adaptées. Entre 1985 et 1995, 400 golfs ont pourtant été créés, mais dans des zones trop éloignées des bassins de population et configurés pour des championnats plus que pour l’initiation.

Question de temps

Ainsi, depuis 2009, l’avenir du golf s’est inscrit dans les petites structures. “Le golf, c’est une question de décision, plus que de prix”, explique Pierre Lasfargue. “Le frein c’est le temps et l’accès. Les parcours sont trop éloignés des habitations. Et pour les enfants, c’est aussi un frein, car ce n’est pas forcément plus cher que le judo.” L’écueil principal du golf serait-il l’éloignement ? Une réflexion qui ne paraît pas si incongrue et qui devrait in fine avoir une répercussion sur les prix. La multiplication de petites structures, des plus petits parcours appelés “pitch and putt” outre-Manche, construits plus proche des villes, fera baisser les prix (autour de 15 euros le green fee pour un 9 trous), et le temps de jeu sera alors ramené à 2 heures maximum. Plus proche donc, moins chronophage et moins cher, le golf pourrait devenir plus populaire. Soixante-huit de ces projets sont terminés ou en cours de création sur les 120 prévus à terme en 2018, année où la France accueillera la Ryder Cup, le plus grand événement de la planète golf.

Le golf est un sport qui gagnerait à être connu selon ses adeptes, pour qui l’essayer c’est l’adopter. “Le golf est addictif ! On arrête car on n’a pas le temps, pas parce qu’on en est blasé, témoigne Arnaud Tillous. La difficulté est importante et en même temps jouissive. Le jour où vous laissez tomber les préjugés, c’est extraordinaire.” “C’est un sport peu connu sous certains de ses aspects. Mais au final, on a plein d’espace, on est en plein air, on peut y jouer seul ou entre amis, et ce quel que soit son niveau physique”, conclut Arnaud Degarne. Le golf est un sport à part, avec une réputation que l’on peut toutefois contourner et dont l’image évolue finalement petit à petit.

Carte verte, un permis de l’étiquette

La carte verte est le précieux diplôme attestant de votre statut de joueur non débutant ayant la capacité d’évoluer seul sur un parcours de golf. Pour cela, il faut d’abord savoir se comporter sur un parcours de manière courtoise et sécuritaire, tout en ayant un niveau golfique acceptable. Pour passer le test, il faut tout d’abord être licencié à la Fédération française de golf. “Nous proposons une formule de 4 mois, ou plus, si les gens ne parviennent pas à obtenir la carte verte dans ces délais”, explique Marc Lefébure, directeur marketing et communication du Paris Country Club. “C’est un examen en contrôle continu, qui n’est pas forcément onéreux pour commencer, puisque nous prêtons le matériel.” Cette fameuse carte verte ouvre ainsi les portes de la plupart des parcours français, même si certains clubs restent seuls décideurs de leurs conditions d’accès.

Comment se déroule l’examen ? Pour prétendre à l’obtention de la carte verte, il faut avoir joué au moins 5 parcours de 9 trous, dans le cadre d’une pratique libre dans le golf où vous suivez l’enseignement. Ensuite, il faut avoir obtenu une attestation de votre enseignant, prouvant votre capacité à produire des trajectoires dans des situations de jeu classiques (départs, approches variées, jeu autour et sur le green) et votre bonne connaissance des règles fondamentales.

C’est une fois ces étapes validées que le test final débute. Le candidat doit jouer un parcours de “9 trous dans une partie de trois balles”, dans un temps imposé (généralement deux heures). Dans ce laps de temps, l’apprenti ne devra pas commettre plus de 7 fautes de comportement, dont pas plus d’une faute liée à la sécurité. Une fois en règle, la carte est transmise par votre club via la Fédération et demeure définitive, sauf en cas de comportement sportif douteux.

2016 et 2018, deux échéances médiatiques clés

Si le golf en France a mauvaise presse en tant que sport fermé et élitiste, il fait paradoxalement partie de ces sports mondialement reconnus et pratiqués. Surtout, il demeure très méconnu du grand public, trop découragé de le tester pour se faire sa propre opinion. Deux événements mondiaux pourraient changer la donne dans les années à venir et mettre le golf sur le devant de la scène. En 2016, aux Jeux olympiques de Rio, la petite balle blanche fera son grand retour, et sa troisième apparition, plus de 112 années après sa disparition du programme en 1904. Deux ans plus tard, la France accueillera mythique Ryder Cup, événement golfique mondial par excellence qui oppose tous les 2 ans les meilleurs représentants américains contre les meilleurs Européens.

“Ce sont des événements colossaux pour le golf au niveau mondial”, acquiesce Arnaud Degarne, responsable éditorial et commentateur sur Golf Channel. “Quelque chose se passe en France au niveau du golf depuis 2010 et le retour programmé aux JO. Nous avons une vraie dynamique positive avec les résultats au haut niveau de Victor Dubuisson et d’Alexander Lévy, qui font partie du Top 50 mondial.” Ces deux événements mettront à coup sûr un coup de projecteur sur le golf. “Tout cela va énormément aider car nous avons un vrai potentiel en France, et quand les jeunes regardent la télé et voient des Français qui gagnent, ça les attire forcément”, assure Paul Fitussi, directeur du Salon du golf.

Un sport qui a besoin d’exposition médiatique et qui en gagne petit à petit puisqu’aujourd’hui, la plupart des fournisseurs d’accès à Internet incluent les chaînes de golf dans leurs offres TV. Néanmoins, seules les victoires seront salutaires. “Les JO oui, mais il faudra des médailles pour que cela ait un impact”, concède Arnaud Tillous, rédacteur en chef du Journal du golf. “Et puis le golf à la télévision, ça n’est pas très accessible, c’est dur à suivre, c’est long et les gens ont du mal à comprendre. On y prend bien moins de plaisir qu’en y jouant.” Rendez-vous est donc pris pour 2019.

Chiffres clés
Il y a 440 000 golfeurs licenciés en France sur environ 800 000 pratiquants.
Il existe plus de 700 parcours de golf.
15 km: c’est la moyenne des déplacements que doivent effectuer les pratiquants pour jouer.
51 ans: la moyenne d’âge du golfeur français.
(Source: FFGolf)

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