Victor DUBUISSON et la Ryder Cup – 2014

Et Dubuisson enflamma l’Amérique

Victorieux quelques mois auparavant de son premier trophée sur le Tour européen au Turkish Open, cette semaine de février 2014, l’élève de Benoît Ducoulombier se fait un nom à l’échelle mondiale. Tombeur de Kevin Streelman, Peter Hanson, Bubba Watson, Graeme McDowell et Ernie Els, Victor Dubuisson se retrouve en finale face à Jason Day.

Le Français s’accroche et sort en play-offs deux approches magiques depuis les cactus qui feront sa légende. Day n’en revient pas et le Tricolore devient « Cactus kid « . Même si « Dubush « échoue finalement au 3e trou de mort subite, il aura enflammé le parcours de Dove Mountain (Arizona). Une performance lui permettant à l’époque de grimper dans le top 25 mondial.

Quelques semaines plus tard, Dubuisson nous racontait sa semaine de folie.

« Avez-vous remarqué la réaction de Jason Day, qui ne pouvait s’empêcher de rire devant votre 2e coup dans les cactus ?
Oui, je l’ai vu. Il était un peu choqué en fait. Quand il est venu voir ma balle au 1, il était sûr de gagner. Il l’était encore plus au 9. D’ailleurs, j’aurais été aussi certain que lui si les rôles avaient été inversés. Je me serais dit :  »C’est bon, je suis champion du monde. » En fait, c’est ça qui m’a plu : le pousser dans ses retranchements. Je lui ai compliqué la tâche.

On parle de ces chips dans les cactus mais, au final, ce sont plutôt les putts rentrés par la suite qui étaient vraiment exceptionnels, non ?
Ils n’étaient clairement pas donnés en plus. Au 1, j’avais 1,50 mètre en descente et au 9 un bon 3 mètres. Mais je retiens plus le coup de fer au 17 dans le bunker pour forcer Jason à aller au 18. Je n’avais pas d’autre choix que de rentrer le birdie à ce moment-là. Ma sortie de bunker au 18, elle aussi, était plutôt pas mal.

Jouer une finale de WGC, c’est tout de même énorme… Vous êtes-vous fait rattraper par l’événement ?
Non… (il cherche ses mots). Tout le monde sait que je n’ai pas la grosse tête mais, honnêtement, je n’ai eu aucun moment de stress. J’ai la capacité de gagner ces gros tournois, je le sais. En finale, je n’ai pas tremblé, et à aucun moment je ne me suis dit :  »C’est la chance de ta vie. » En Turquie, j’étais très, très stressé, car cette victoire pouvait être le moment déclencheur de ma carrière. Et puis ce WGC se jouait en match play. Ne pouvant perdre qu’un point par trou, ça aide à ne pas angoisser. Même si, hormis moi le petit nouveau, il n’y avait aucun intrus dans les demi-finales, que les meilleurs !

« J’ai la capacité de gagner ces gros tournois, je le sais. » Victor Dubuisson

Vous êtes-vous senti comme un intrus pendant ce WGC ?
Pas du tout, je ne me considère ni comme un intrus ni comme un outsider. C’était juste ma première expérience sur ces gros tournois. Personne ne me connaissait, mais je savais très bien que j’avais les capacités requises pour m’imposer. Je ne me sentais vraiment pas mal à l’aise. Après la Turquie, j’avais quand même des doutes. Non pas que je n’aie pas confiance en moi, mais j’ai toujours peur que les gens interprètent mal mes propos. Ceux qui ne connaissent pas le golf peuvent mal comprendre, quand je prétends avoir le niveau pour m’imposer. Je pense faire partie de ce clan et, maintenant, je suis soulagé d’avoir continué à confirmer ma victoire de novembre dernier. Cette confirmation est vraiment importante pour moi, ça valide tout le travail fourni avec Benoît (Ducoulombier, son coach). J’ai enfoncé le clou.

(Ses yeux partent une nouvelle fois vers la TV placée derrière nous qui diffuse les images de sa finale)
À vous revoir comme en ce moment, que retenez-vous de votre attitude ? Qu’est-ce qui vous plaît en revoyant ces images ?

Je vois que je ne montre aucune émotion. En même temps, j’étais hyper zen intérieurement. Du moins, je faisais au mieux pour le rester le plus possible. On a toujours du stress, mais il ne faut pas qu’il soit mauvais.

On a l’impression que les émotions procurées par le golf vous tordent les tripes, en bien comme en mal. À quel point votre golf influe-t-il sur votre personnalité ?
C’est sûr qu’en sortant d’une mauvaise partie, je suis toujours déçu, et c’est normal. Mais dans un sens, c’est juste qu’à moins de gagner, je ne suis jamais satisfait de moi. Quand je joue mal, je suis très déçu de ce que je fais. Ça fait partie de mon caractère mais, comme l’a dit Benoît :   »Si tu as réussi à grimper au ranking mondial et à bien te comporter dans les grands tournois, c’est aussi parce qu’en sortant d’une mauvaise partie, tu ne te dis pas : c’est pas grave, ça arrive ». Non, je ne suis pas content parce que je n’ai pas été assez bon dans tel ou tel compartiment et que je veux évacuer ma frustration en corrigeant le tir immédiatement. lire aussi

Sur la lancée de son WGC, Dubuisson fera une saison de folie avec deux top 10 en Majeur et une sélection en équipe de Ryder Cup. Le Français termine son année 2014 au 17e rang mondial. Quelques semaines plus tard, début 2015, « Dubush » atteindra même la 15e place mondiale. Aucun Tricolore n’était monté si haut et aucun n’a encore réitéré cette performance.

   FRA   Racontez-nous ces coups géniaux au 10 et au 11 ?

Victor Dubuisson, vainqueur du Turkish Airlines Open, désormais 7e de la Race to Dubai :« Sur le 10, j’étais dans une situation impossible. Je savais que je pouvais utiliser la pente après le trou pour revenir un peu. J’ai réalisé un chip génial et un putt très important à un moment du tournoi où chaque coup est décisif.
Sur le 11, le premier des trois pars 5 du retour, je savais que ça compterait. Rentrer ce chip dans la boîte, c’était le bonus du jour (il sourit). La balle est arrivée très délicatement vers le trou. Je voulais faire birdie. Cet eagle était juste incroyable et est arrivé au moment opportun, oui. »
En plus, vous avez parfaitement géré le dernier trou…
« Sur le 18 (par 5), j’imaginais Jaco Van Zyl faire birdie. Il a tapé la balle si droite que le 18 n’aurait pas dû être un problème pour lui (il se contentera du par, ndlr). J’ai essayé de frapper une énorme mise en jeu, parce depuis le début de la semaine, je tapais bien mais pas vraiment loin. Sur ce trou, je me suis dit : « ok, je saisis ma chance ».
J’ai réellement frappé un énorme drive, qui en plus a profité d’un très bon kick pour aller encore plus loin. Il me restait 175 mètres jusqu’au trou. Le vent m’a un peu aidé. Normalement, j’aurais opté pour un fer 6 ou un fer 7. J’ai décidé d’utiliser un fer 8 à cause de la pression, et je savais qu’il fallait la déposer sur la partie gauche du green pour qu’elle se pose idéalement. C’était juste le coup parfait. »
 
Qu’est-ce que signifie, pour vous, cette deuxième victoire sur le Tour européen ? 
Pour des raisons personnelles, j’ai peu joué cette saison, et je n’ai pas été génial. J’étais dans le top 50 de la Race to Dubai, mais loin du niveau de 2014 (5e) ou 2013 (6e). Je ne pouvais rêver mieux que gagner cette semaine. Quand vous remportez un tournoi pour la première fois, vous ne réalisez pas ce qu’il se passe. Je veux dire, le premier titre est toujours important. Mais tenter de gagner pour la deuxième fois, c’est plus de pression, je trouve.
« Quand vous gagnez un gros événement comme celui-ci, que vous allez revenir dans le top 50 mondial et le top 10 européen, ce n’est pas normal de ne pas pouvoir jouer la semaine prochaine (WGC-HSBC Champions, ndlr). »
 
Que ressent-on lorsque l’on bat Rory McIlroy et Tiger Woods (en 2013) ? 
Je n’ai pas battu Rory McIlroy aujourd’hui. J’ai battu le parcours, et je me suis battu moi (il rit). Parce que mon principal ennemi sur le parcours, c’est moi (sourire).Malgré cette victoire, vous ne devriez pas intégrer le champ pour le WGC-HSBC Champions de Shangaï la semaine prochaine. Est-ce une déception lorsque l’on sort d’un tournoi d’une telle qualité ?
Oui, c’est une grande déception, parce que c’est un tournoi important. Je ne vais pas recevoir un mail me disant que les règles ont changé.
J’ai découvert il y a quelques minutes que je ne pouvais pas, quoiqu’il arrive, jouer la semaine prochaine. Quand j’ai rentré le putt de la gagne, je supposais que je pourrais être de la partie. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’étais si heureux. Heureux de pouvoir jouer les quatre tournois des Finals Series. Ce n’est pas normal de ne pas jouer la semaine prochaine quand vous venez de gagner un tournoi comme celui-ci, que vous allez revenir dans le top 50 mondial et le top 10 européen.
 
Dubuisson, un titre et ça repart ! Kevin JERAULT, avec European Tour Productions

Victor Dubuisson Copue Ryder Cup

une solide 4e place à Abu Dhabi début janvier, Victor Dubuisson effectue cette semaine sa rentrée sur le PGA Tour. Le Cannois, 16e joueur mondial, est à Los Angeles pour le Northern Trust Open. Son swing est ici analysé par Julien Xanthopoulos et Nicolas Allain.

http://golf.lefigaro.fr/assets/Dubuisson.html

Les Particularités du swing de Victor

1/ Posture dynamique et sans compensation, identique à celle des meilleurs joueurs du monde. Les bras sont a l’aplomb des épaules. Il y a 90 degrés entre son club et l’angle de sa colonne vertébrale. Les pieds, les hanches, les épaules sont parallèles. C’est le fruit d’un gros travail de Victor durant son adolescence qui s’est essentiellement concentré sur son grip et sa posture.

2/ Le corps se met en action. Les épaules tournent, les hanches le font légèrement aussi et le club est dans la ligne des pieds. Démarrage très juste et classique.

3 et 4/ Le club et les mains s’arment, le corps continue à tourner.

5/ Particularité du swing de Victor, le club devient assez vertical. On le voit pointer vers son pied droit alors qu’habituellement, le club est dans l’axe de l’avant-bras gauche et pointe vers la balle.

6/ Le club pointe légèrement plus à droite que sa cible ou la ligne de ses pieds, comme le faisait Tiger Woods au début de sa collaboration avec Butch Harmon à la fin des années 90 .

7/ La reprise d’appui réaligne le club dans l’axe du bras gauche.

8/ Le bas du corps fait son travail. Les hanches tournent alors que les épaules restent orientées vers la droite. Le club pointe vers la balle. Il est dans une bonne position pour se rendre jusqu’à elle.

9/ Le bas du corps travaille beaucoup avec des hanches très ouvertes avant l’impact alors que les épaules sont, elles, parfaitement « square » ( dans la ligne des pieds ).

Un différentiel entre les hanches et les épaules qui explique la grande vitesse que Victor donne à son club.

10/ Le corps tourne en gardant les angles de la posture. Les hanches n’ont plus beaucoup bougé, ce qui lui permet d’avoir le temps de faire travailler son club dans la zone d’impact.

12,13 et 14/ Victor continue de tourner pour venir terminer son mouvement en équilibre sur son talon gauche.

Plus d’images

Rang Mondial à  ce jour :

AnnéeJoué événements1er2ème3ème4 ème -10èmeMCRang de fin d’année
201421344 
201321133632
201220136132
20112033259
2010107866
2009311753
2005111182

Victor Dubuisson avec la Ryder Cup 2014:

Avec 2,5 points inscrits, le Français Victor Dubuisson a conquis son coéquipier Graeme McDowell et restera la révélation européenne de la 40e Ryder Cup.

Victor Dubuisson est entré par la grande porte dans la Ryder Cup en apportant à l’équipe d’Europe deux points et demi lors de sa victoire devant les Etats-Unis (16,5-11,5), dimanche, sur le parcours écossais de Gleneagles. Dubuisson, deuxième Français à avoir gagné la Cup après Thomas Levet, a été bien « aidé » par Graeme McDowell et a donc fait bien mieux que son aîné, vainqueur en 2004 avec un succès en simple et deux défaites en foursome. « Jouer avec Graeme m’a beaucoup aidé. J’ai très bien joué, mais la raison principale de mon bon comportement lors de ces deux jours était le fait d’évoluer à ses côtés », a reconnu Dubuisson samedi.

Si Jamie Donaldson a offert à l’Europe sa troisième Ryder Cup consécutive, sur le parcours de Gleneagles, en battant Keegan Bradley 4&3, Victor Dubuisson a partagé le dernier simple contre Zach Johnson pour parachever le succès net et sans bavure des hommes de Paul McGinley 16,5 points à 11,5 sur ceux de Tom Watson.

Un triomphe auquel Victor Dubuisson a activement participé, remportant ses deux matches en foursome, au côté de Graeme McDowell et en offrant un demi-point en simple. Un carton (presque) plein impressionnant pour un rookie ! L’Europe signe son huitième succès lors des dix dernières éditions !

Résultats des 12 simples :
Graeme McDowell (EUR) bat Jordan Spieth (USA) 2&1
Patrick Reed (USA) bat Henrik Stenson (EUR) 1 up
Rory McIlroy (EUR) bat Rickie Fowler (USA) 5&4
Justin Rose (EUR) partage avec Hunter Mahan (USA)
Phil Mickelson (USA) bat Stephen Gallacher (EUR) 3&1
Martin Kaymer (EUR) bat Bubba Watson (USA) 4&2
Matt Kuchar (USA) bat Thomas Bjorn (EUR) 4&3
Jamie Donaldson (EUR) bat Keegan Bradley (USA) 4&3
Sergio Garcia (EUR) bat Jim Furyk (USA) 1up
Ian Poulter (EUR) partage avec Webb Simpson (USA)
Jimmy Walker (USA) bat Lee Westwood (EUR) 3&2
Victor Dubuisson (EUR) partage avec Zach Johnson (USA)

Dubuisson Vainqueur 2014 ryder cupFinal ryder cup 2014Victor Dubuisson Cactus

http://video.lequipe.fr/video/75f23a8ed63s.html Né à Cannes un 22 avril à 24 ans.

En 2009, il devient Champion d’Europe et numéro 1 Mondial  Amateur

Du jamais vu depuis Arnaud Massy  en 1907  qui a remporté le  Bristish Open

et il représente la meilleure chance de briser une grande sécheresse de la France qui a duré 114 années.

Tout a commencé en 2005 pour ce surdoué des « greens » .

A l’âge de 15 ans il est le plus jeune joueur à participer à un tournoi de l’European Tour.

Il est le troisième Français, dans toute l’histoire de la Ryder Cup, à croiser le fer au sein de l’équipe européenne face aux golfeurs d’outre-Atlantique. Victor Dubuisson, 24 ans, 21e joueur mondial, jouera sous l’égide du capitaine Paul McGinley, aux côtés de (et face à) la crème des golfeurs.

Initié au golf à l’âge de six ans par son grand-père, le jeune Victor, grâce à un travail acharné, va battre tous les records de précocité.

En 2005, à l’âge de 15 ans, il devient ainsi le plus jeune joueur à disputer un tournoi du circuit européen (EPGA). Champion de France à 16 ans l’année suivante, il est en 2009 le premier Français numéro un mondial chez les amateurs. Juste après son premier Open britannique – grâce à son titre national -, il passe professionnel en 2010. S’il a eu besoin de deux longues années d’apprentissage pour trouver ses marques chez les pros (4e à l’Open de Chine en 2012), il est entré de plain-pied dans le gotha de la petite balle blanche en s’imposant à l’Open de Turquie en novembre 2013.

Il a battu à cette occasion l’Américain Tiger Woods, alors numéro un mondial et qui l’avait fait rêver lorsque, lui âgé de 7 ans, il l’avait vu remporter le Masters d’Augusta, le premier de ses 14 titres en grand chelem.

L’année d’après il devient champion de France, avant de remporter le championnat d’Europe amateur à 19 ans.

Joueur au style particulier, il se fait connaitre en 2010 sur la scène internationale avec son titre de champion du monde amateur. Une pression supplémentaire pour un golfeur déjà propulsé parmi les meilleurs par le monde de la petite balle blanche. Il mettra trois ans à s’affirmer et confirmer son statut. Souvent critiqué pour son programme d’entrainement particulier ou son mutisme devant les médias. Sa discrétion a pu parfois passer pour de l’arrogance. A tort.

Roger Damiano, ancien coach du cannois est le mieux placé pour en parler : « Je le connais depuis l’âge de 13 ans. Il a toujours eu un bon comportement sur les parcours. Après, moi et Victor on a eu des hauts et des bas. On a arrêté plusieurs fois notre collaboration pour la reprendre ensuite. C’est comme ça. » Preuve de la méfiance de son entourage sur cette question,

Roger Damiano ne souhaite pas s’épancher plus que ça sur l’attitude de son ancien poulain. Licencié en 2009 dans le golf club de Cannes-Mougins ,

Victor Dubuisson passe pour un membre discret.

Marylin Eynaud responsable sport du club se souvient d’un garçon gentil : « Il venait régulièrement s’entrainer ici. On sentait qu’il prenait du plaisir sur le parcours. Il est venu taper quelques balles pour les 90 ans du club. Je l’ai félicité et il m’a remercié timidement. Je pense qu’il n’aime pas ce côté mondain présent dans le milieu du golf. Tout simplement. »

Un niveau Top 10 mondial

Au-delà, de son tempérament, c’est son niveau de jeu qui impressionne. Avec style, classe et talent, il a dépoussiéré le golf Français, endormi depuis 30 ans. Sixième européen et 32ème mondial, Victor Dubuisson est en plein ascension. Roger Damiano, pas du tout surpris de son niveau de jeu, le voit même encore plus haut : «  Pour moi il a un niveau top 10 mondial. Il a toujours eu des qualités en avance sur la moyenne. J’étais persuadée qu’il allait arriver à ce niveau. » Inimaginable, il y a quelques années, le Cannois peut entrevoir une participation à la légendaire Ryder Cup. Seul deux Français ont eu la chance de pouvoir jouer cette épreuve. Compétition regroupant les meilleurs européens face au gratin américain, la Ryder cup est le graal de tous les golfeurs: « Cette épreuve est largement atteignable pour Victor, il en a les moyens. » précise Roger Damiano. Porté par la vague du succès, Victor Dubuisson pourrait devenir le porte-parole du golf en France. Un sport vu à tord comme élitiste mais qui a tant à donner en termes d’émotions.

En 2013, il marque l’histoire de son swing en remportant l’Open de Turquie.

Benoit Ducoulombier son entraîneur depuis mai 2013, j’ai de la chance de travailler avec Victor, mais franchement, il a été bien formé. Il y a eu des gens avant qui ont fait un super boulot. Moi, je ne touche rien à son swing, rien de ses basiques : grip, postures, etc.Il a un grip parfait « C’est la base du swing de golf »

Il y a du Severiano Ballesteros en Victor Dubuisson.

Tous les plus grands consultants de golf l’ont d’ailleurs fait remarquer dans leurs commentaires ce dimanche lors de la finale du WGC-Match Play. Pour le plaisir, retrouvez ces coups venus d’un autre monde Made in France !

Au micro, Sir Nick Faldo, consultant vedette sur CBS et plutôt avare en compliments, n’en est toujours pas revenu. Les coups magistraux de recovery de Victor Dubuisson lors du playoff de la finale du Championnat du monde de Match Play sont pour lui digne d’entrer dès maintenant dans le Hall of Fame.

En bonne place aux côtés des « sauvetages » magiques du regretté Severiano Ballesteros. Là-haut, au paradis des golfeurs, l’Espagnol a d’ailleurs certainement apprécié.
Celui que les Américains surnomment affectueusement Victor (parce que Dubuisson semble un peu trop compliqué à prononcer) ou encore Golden Hands (les mains en or) a conquis le monde du golf. En l’espace d’une semaine, il est passé d’un joueur anonyme (malgré son succès retentissant en Turquie en novembre dernier devant Tiger Woods, Henrik Stenson, Justin Rose et Ian Poulter) à une véritable star. Les médias US, subjugués par une telle maitrise et une inventivité de chaque instant dans le jeu, sont clairement devenus addicts.

Une récompense extrême pour le jeune cannois, 23 ans, qui a toujours rêvé d’évoluer sur le PGA Tour.

Avec ses 906 000 dollars de gains plus les quelques 155 000 déjà engrangés depuis janvier, le Français a déjà assuré sa place sur le Circuit le plus relevé du monde jusqu’à la fin de la saison 2015. En quatre tournois seulement. Il a aussi validé son billet pour la prochaine Ryder Cup en Ecosse.

Paul McGinley, le capitaine européen, tient là un phénomène. Il en fera, en n’en pas douter, l’une des clés de voûte de son équipe fin septembre à Gleneagles (26-28 septembre). Bien entouré par Rory McIlroy et Graeme McDowell !

http://bcove.me/ft8l3ru4

Roger Damiano, la perpétuelle quête du swing

Pour Roger Damiano, le swing, c’est un peu comme le sacré Graal. Contrairement à ce que certains fabulistes cherchent à faire croire, « le » swing parfait n’a encore jamais été trouvé. Cela explique pourquoi Roger Damiano, 50 ans de golf au compteur, qui a été l’entraîneur de quelques-uns des meilleurs joueurs français, Jean Baptiste Gonnet ou Victor Dubuisson, mais aussi head pro à Cannes Mougins, se précipite sur son parcours dès qu’il a une heure ou même une demi-heure.

« J’ai toujours mon sac sur la voiturette, explique-t-il. C’est une passion, vous savez ? » N’y aurait-il donc aucune chance de le trouver, ce satané swing parfait ? « C’est que j’aime bien chercher », répond-il. Voilà sans doute la clef, la recherche permanente, la seule démarche qui permet d’évoluer, de ne pas s’enliser dans des certitudes.

L’évolution, c’est ça son truc, à Roger Damiano : « Dans tous les sports, le haut niveau apporte quelque chose. La semaine dernière j’ai donné une formation pour une vingtaine de pros de la région sur l’évolution de l’enseignement moderne par le haut niveau. Je leur ai appris des choses. Notamment les choses à ne plus dire, garder la tête sur la balle, par exemple, toutes ces conneries qu’on ne devrait plus entendre. »

« Je fais part de mes expériences, de mes sensations, poursuit l’entraîneur. J’ai la chance d’avoir un peu pratiqué à haut niveau et surtout d’avoir suivi le haut niveau, avec Jean-Baptiste Gonnet, Victor Dubuisson et Diana Luna. Il y a des choses qui ont beaucoup évolué, le physique est beaucoup plus important. Il y a beaucoup moins de mains, il faut jouer sur le haut du corps. Donc il faut travailler le physique. Ce qui est une vérité, c’est que plus le premier coup est long, plus le second est petit. »

Toutes ses idées, ses différents points de vue, sa méthodologie se retrouveront un jour dans un livre qu’il a le projet d’écrire. Mais attention, il prend son temps, « pour ne pas dire de conneries ». « Je fais de temps en temps le tour des golfs pour voir les pros à l’œuvre. Quand on donne une leçon à quelqu’un, on ne passe pas son temps appuyé contre un mur à regarder passer les voitures. Ce sport devient très vite une passion pour les amateurs, et on n’a pas le droit de faire n’importe quoi. J’ai toujours eu conscience de l’importance fondamentale du rôle de l’enseignant. »

C’est que Roger Damiano sait fort bien de quoi il retourne, le golf a été toute sa vie et ce chemin-là a été parsemé de quelques embûches. Avec son frère Michel, aujourd’hui décédé, il a débuté sa carrière comme caddy : « Avec Michel, on venait faire le caddy ici, il y a 55 ans. J’avais 11 ans. Les chariots n’existaient pas, les sacs étaient en cuir, et on en avait parfois un sur chaque épaule. Et quand on était au fond du parcours, là-bas, au 12, le club house était bien loin. »

Comme dans la grande majorité des clubs à cette époque-là, les caddys n’avaient pas le droit de jouer. Et comme à peu près partout ailleurs, Michel et Roger allaient se cacher au plus loin du club house pour taper des balles, sans doute subrepticement subtilisées, avec des clubs très provisoirement empruntés. Jusqu’au jour où le pro du club, certainement pas dupe et lui aussi caché derrière quelque chêne à les observer, leur propose de leur apprendre le métier.

« Le métier, ça a commencé par lui cirer ses quatre paires de chaussures tous les matins, rigole Roger Damiano avec délectation. Eh oui, on a commencé comme ça. Et puis on a joué de plus en plus, puis on a tenté notre chance sur le circuit mais comme on n’a jamais eu de sponsors, il fallait revenir travailler au club entre deux tournois. »

C’est donc le circuit français, qui comptait à une certaine époque une vingtaine de tournois par an, le Tour européen, puis, bien plus tard, le Senior Tour. Bref, Roger sait ce qu’il en coûte de faire un métier de sa passion. Mais il toujours fait ça avec plaisir : « J’adore ce que je fais, Michel c’était pareil. Je ne me suis jamais dit, tout au long de ma vie, « merde, il faut que j’aille travailler ». Mais, quand on enseigne, il faut toujours continuer à chercher et à travailler. C’est quand même mieux quand on peut montrer aux jeunes ce qu’on leur dit de faire… »

Mais voilà, ainsi vont les choses. On montre aux jeunes ce qu’ils devraient faire, il le font un certain temps, puis larguent les amarres. Ainsi Jean-Baptiste Gonnet et Victor Dubuisson s’en sont allés vers d’autres coachs. « Jean-Baptiste, j’ai passé plus de 10 ans avec lui et Victor je m’en suis occupé depuis ses 13 ans. Il était comme un fils pour moi. Il est resté un peu gamin mais il faut surtout qu’il se mette au boulot. Mais j’ai toujours pris son parti. C’est fini avec eux, mais je souhaite vraiment qu’ils y arrivent. Et ils vont y arriver. »

Ce qu’il retient de ces expériences avec ces jeunes champions, c’est qu’il faut développer leur potentiel en tenant compte de leur caractère. « Il n’y a pas de style espagnol, suédois ou je ne sais quoi, s’énerve-t-il. Tous les joueurs sont différents, il faut juste trouver des solutions adaptées. Et chacun doit trouver son propre rituel. Je dis rituel et non pas routine, ce qui est péjoratif. Mais le rituel, ça commence dès le matin quand on se lève et ça se termine le soir. Et parfois, c’est dur de faire le débriefing… »

Pour l’heure, Roger Damiano travaille principalement avec l’Italienne Diana Luna, brillante joueuse italienne du circuit féminin, et de l’équipe des moins de 17 ans de Cannes-Mougins. « J’ai là quelques gamins tout jeunes qui ne vont pas tarder à se retrouver en pôle espoir ou en pôle France, se félicite-t-il. Mais une fois dans ces structures, fini les coachs personnels, ce qui est normal d’ailleurs. Il ne faut pas se mettre au milieu. Mais ce n’est pas grave, je les retrouverai plus tard ! »

Roger Damiano les attend donc, tout en s’occupant des autres gamins qui ne tarderont pas à percer et à prendre la place de ceux qui s’imaginent avoir trouvé le swing idéal. Du haut du club house de Cannes-Mougins, devant la baie vitrée qui surplombe le 18, Roger est là, disponible pour montrer le chemin de la remise en question, un seul regret au coin de l’œil :« C’est vraiment dommage qu’il ne reste plus rien de l’histoire de tous ces golfs qui sont centenaires ou presque. »

Caddy de Dubuisson

Thomas Ayling était pendant la Ryder Cup le caddy le plus jeune de la compétition. « Inoubliable ! PHOTO AFP

a.bernard@sudouest.fr

Thomas Ayling est citoyen britannique.

Du moins par sa naissance, car c’est en Lot-et-Garonne, où il a habité pendant dix ans avec son père, qu’il est tombé dans la passion du golf. De 10 à 15 ans, il faisait ses marques à l’école de golf villeneuvoise. « C’est même devenu une passion dévorante, j’ai arrêté les études très tôt pour me consacrer pleinement à ce sport. » C’est ensuite dans les Landes, à Moliets, qu’il a intégré l’académie, enchaînant les compétitions dans la filière Ligue d’Aquitaine. « J’ai eu la chance d’avoir des parents qui étaient à mon écoute. Je prenais des cours par correspondance, mais à 17 ans, j’ai arrêté. »

Thomas a ensuite poursuivi ses entraînements pendant deux ou trois ans, mais ne savait toujours pas s’il voulait faire de sa passion un métier, s’il devait passer pro. « J’avais quitté ma famille vers 16 ans, je ne savais pas trop où j’allais, et j’ai décidé de tout arrêter du jour au lendemain. Mais quelques mois plus tard, J’ai eu l’opportunité de passer mon brevet d’État de golf, et, un peu par hasard, un joueur que je connaissais bien, Benjamin Hébert, m’a proposé de devenir son caddy. Nous avons fait trois tournois ensemble, puis j’ai travaillé avec d’autres joueurs. »

Le sommet, la Ryder Cup :

Le nouveau phénomène du golf hexagonal, Victor Dubuisson, lui propose à son tour, il y a quatre mois, d’être son partenaire. « J’avais comme objectif d’aller taper le plus haut possible, mais là, travailler avec l’un des 20 meilleurs joueurs mondiaux, c’était inespéré ! » Inespéré, et non sans risques, lorsqu’on connaît le caractère en acier trempé de la nouvelle coqueluche du circuit professionnel.

« Notre relation est très professionnelle. On peut avoir des affinités, je m’entends bien avec Victor, mais on ne se voit pas en dehors du contexte golf. » Le caddy fait parfois des choix stratégiques sur le parcours, il doit rassurer le joueur, le mettre en confiance, pour qu’il n’ait à penser qu’à son jeu. « C’est un peu comme en course automobile, entre le pilote et le co-pilote. Ce qui est important, c’est de savoir ce que l’autre aime, ce qu’il attend, il faut presque se comprendre sans parler. » Et puis il y a eu la Ryder Cup : « C’était plus qu’un rêve, c’est difficile de partager ce que j’ai pu ressentir. Nous étions en équipe, soudés vers l’objectif. J’avais fait trois tournois majeurs avec Victor, mais la Ryder Cup a dépassé toutes mes attentes. »

« Découvert sa simplicité »

Bien sûr, la question qui brûle les lèvres, c’est la personnalité du patron : « Tout ce que je peux dire, c’est qu’il est complètement normal, et si j’ai bien découvert une chose, c’est sa simplicité. Il sait d’où il vient, qui il est, mais il a sa personnalité, il travaille différemment des autres, mais il ne cherche pas à s’adapter, à rentrer dans un ‘‘rôle ». Certains disent qu’il s’entraîne moins que les autres, moi, je vois surtout que quand il s’entraîne, c’est à 100 %. »

De ses aller-retour entre l’Europe et les États-Unis, Thomas garde une certitude, celle de vivre à 25 ans une expérience exceptionnelle. « Ces quatre derniers mois, j’ai été chez moi une semaine sur trois. On est aussi allés en Afrique du Sud, à Dubaï, partout où ça valait le coup de participer pour le ‘‘ranking » mondial. La suite, je l’espère, sera de gagner un premier tournoi avec Victor. Une victoire majeure, ça serait exceptionnel pour le golf français. »

 

C’est à Londres, pendant le Volvo Match Play Championship, que Victor Dubuisson a eu la gentillesse d’accorder une interview exclusive à Golf-Zone. Un mois après avoir remporté la Ryder Cup et y avoir réalisé des performances saluées par l’ensemble du golf mondial, Victor a accepté de revenir sur l’événement, de nous guider au sein de l’équipe européenne et de nous faire découvrir de l’intérieur l’intensité extrême de ces journées.

Embarquez avec nous au cœur de l’événement, nous vous emmenons dans les coulisses de Gleneagles, en compagnie de Victor Dubuisson

London Golf Club, le 18 octobre 2014, par Caroline Jeanniard du Dot (crédit photo Golfouest)

Comment as-tu vécu l’événement ? Est-ce aussi grand que ce qu’en disent les joueurs, qui se battent parfois deux ans pour y participer ?

C’est un événement absolument hors norme, aussi prestigieux que tout le monde le dit. L’ambiance est exceptionnelle en permanence. L’Ecosse, en plus, c’est très spécial, c’est le berceau du golf, les spectateurs étaient très présents… Et enfin, le parcours était top. Bref, c’est en effet une compétition vraiment à part. C’était énorme ! 

Comment un adversaire toute l’année peut-il se transformer en partenaire une semaine ? Un jeu aussi individualiste que le golf se transforme-t-il facilement en sport d’équipe ? Et pour toi, cela t’a-t-il paru naturel ?

Oui c’était tout à fait naturel. Tous les gens avec qui j’étais dans l’équipe sont des joueurs exceptionnels, et en plus ils sont super sympa. Je les connaissais tous très bien, mais là on était vraiment très proches. C’est la seule semaine où les joueurs peuvent et veulent s’entraider et se soutenir les uns les autres sur le parcours. Cela transforme la proximité amicale en une extraordinaire solidarité. Cela aussi, c’est vraiment unique.

Comment s’est fait le choix de McDowell ? Par affinité, par complémentarité dans le jeu, les deux ? Avez-vous été consultés ? Comment et quand l’as-tu appris ?

Paul MCGINLEY voulait mettre ensemble le joueur le plus expérimenté avec le moins expérimenté. Cela faisait deux ou trois mois que l’on savait qu’on allait jouer ensemble en équipe. Dans cette période, on s’est donc arrangé pour par exemple jouer ensemble lors des recos des tournois, et puis on s’est vu de temps en temps en dehors car on savait qu’on allait jouer les foursomes ensemble. Et c’est vrai que dans les foursomes, l’entente entre les deux joueurs est souvent la clé ; .le capitaine avait anticipé et cela a vraiment bien marché.

Avec Graeme MCDOWELL, une belle entente. Quelle est la nature de vos relations ? Maître/disciple ? Amis ?

Je peux dire que c’est un ami. C’est quelqu’un avec qui je passe du temps en dehors du parcours, c’est quelqu’un de très sympa qui m’a donné de bons conseils pendant la Ryder Cup. C’est vrai que c’était super de jouer avec lui, d’autant plus que j’ai bien joué. On sait que les foursomes, c’est la formule la plus difficile et c’est celle qui peut faire basculer le match. C’est pour ca que McGinley voulait nous faire jouer l’après-midi en dernier. Tout cela était préparé, et ça s’est super bien passé.

Comment s’est décidé le choix des nombres pairs et impairs? Soulagé de pas avoir joué le tee numéro un ?

Ca s’est fait par rapport aux pars 5. J’avais trois des mises en jeu des quatre pars 5, et j’avais tous les pars 3. Mon jeu de fers était très bon cette semaine-là. Après le tee du 1 n’est pas forcément très stressant, il y a juste un drive à faire, c’est plus le second coup qui est stressant. 

Que retiens-tu de tes succès des deux premiers jours ? Comment êtes-vous parvenus à une telle évidence d’équipe et à une telle qualité de jeu? Communiquiez-vous beaucoup sur la stratégie pendant les matches ?

Sur chaque coup, on communiquait. Il y avait beaucoup de vent, on essayait vraiment de pas faire d’erreurs, l’objectif était de ne pas faire de bogeys. Le parcours était compliqué à jouer en foursomes, il faisait froid, il y avait du vent, le jeu c’était de faire fairway/green pour se lancer des opportunités de birdies et être agressif au bon moment. Mais oui, on discutait pas mal, il me demandait des conseils sur les lignes de putt, sur le vent, mais en fait c’était plus pour se rassurer l’un et l’autre. 

Tu aurais aimé jouer les 4 balles ? Si oui, outre McDowell, avec qui aurais-tu aimé jouer ?

Oui, j’aurais aimé jouer les 4 balles, car j’étais très en forme à ce moment là. Mais c’était important qu’on soit en forme l’après-midi, car les foursomes, c’est la formule la plus difficile. Et je pense que c’était ça l’objectif de McGinley, avoir les gens les plus en forme pour les deux après-midi. Il avait raison, les deux points qu’on a ramenés étaient vraiment importants.

Si j’avais joué les 4 balles, je pense que j’aurais été avec McDowell mais j’aurais aussi pu jouer avec Donaldson, car je m’entends très bien avec lui. Mais je pense que cela aurait été plutôt avec McDowell.

Quel est le rôle du coach ? Très présent ? Qu’est-ce que tu as apprécié chez lui ?

Un très bon capitaine, le meilleur que j’aie connu, et d’après les autres joueurs plus expérimentés, le meilleur depuis de nombreuses éditions de la Ryder Cup. Il était très proche des joueurs, tout était personnalisé, chacun faisait comme il le sentait, et il faisait en sorte que les joueurs soient le mieux possible pendant le tournoi. Son objectif était que chaque joueur fasse ce dont il avait envie pour être à son maximum, et qu’il ait ce dont il besoin en dehors du golf pour être bien. On n’avait aucune contrainte, il était bienveillant, c’était vraiment très cool. Le soir, on se retrouvait tous pour discuter, et il nous demandait même quel numéro on voulait jouer… Chacun donnait son avis, il n’imposait rien, c’était une vraie discussion. Un coaching extraordinaire.

C’est une sacrée preuve de confiance de la part de McGinley de te faire jouer en dernière partie lorsque l’on sait que ce match avait été capital à Medinah. Tu le savais depuis quand ? Cela t’a mis une pression supplémentaire ?

McGinley avait confiance en moi et en mon jeu. J’étais très content de jouer en dernier. Il voulait mettre le plus expérimenté en premier et le plus en forme en dernier sur la semaine. Jouer en dernier, cela peut être une grosse pression, ou au contraire cela peut être très facile, Vu l’avance qu’on avait, on devait savoir à peu près 5 – 6 trous avant si la Ryder est gagnée ou pas, et c’est exactement ce qui s’est passé. J’étais au 13 quand j’ai su qu’on avait gagné. C’était un soulagement, mais à partir de là, c’était très dur de se concentrer. On jouait en dernier, tout le monde nous suivait, mais tout le monde savait que c’était gagné. Ce n’est vraiment pas évident à ce moment-là de rester dans la partie. 

Je n’ai rien lâché quand j’ai su qu’on avait gagné, j’ai d’ailleurs fait deux birdies pour revenir 1up, mais c’est plus après que c’était dur de rester dans la partie. Mais bon, j’essayais de faire le mieux possible, car on s’était fixé un gros objectif, celui de gagner sur la journée. Il fallait qu’on marque 6 et demi, et pour ça, il fallait que je gagne mon match. Quand je suis arrivé au 17 et qu’il a raté son putt, je savais que quoi qu’il arrive, on allait gagner la session, que je ne pouvais plus perdre le match. En fait, j’avais très envie d’aller jusqu’au 18 avec tout le monde, alors j’avoue que mon putt je l’ai joué, mais je n’avais pas la réelle envie de le mettre. En fait, je ne l’ai pas vraiment putté, sans doute parce que je voulais que cela se termine au 18. Je ne me suis pas vraiment concentré sur ce putt.

Tout ce monde, toute cette couverture médiatique… es-tu sensible au stress ? Tu sembles impassible quel que soit l’enjeu, est-ce le cas ?

C’est une ambiance à part. D’abord c’est un tournoi que personne n’a envie de perdre, et les fans sont souvent très chauds. On le sait, le public fait partie intégrante de l’événement, et les gens qui parlent ou qui crient, moi, cela ne me dérange pas du tout. 

 McDowell, Monty, Butch HARMON, Nick FALDO, Darren CLARKE ne font que des éloges sur toi…Ils t’ont félicité personnellement ?

Je les ai vus le soir, car ils étaient tous à la fête. Et c’est sûr que c’est très gratifiant d’avoir leur reconnaissance. Mais je ne m’arrête pas là du tout. Je suis ravi d’avoir bien joué à la Ryder Cup, je l’espérais, mais cela ne change pas mes objectifs. Ce n’est pas un aboutissement, c’est un commencement. Pour moi, j’ai conscience d’être au début de ma carrière de golfeur qui va durer je l’espère plus de 20 ans encore. Je suis évidemment très content d’avoir ces retours, mais je ne m’arrête pas là.

A-ton avis, qu’est ce que les Européens avaient de plus cette année ?

Je pense que c’était l’entente entre les joueurs et avec le capitaine. On a eu beaucoup de chance cette année, et je pense que c’est Paul McGinley qui a fait toute la différence. Il a su créer une atmosphère de sympathie, une dynamique et une osmose entre les joueurs de l’équipe, une ambiance exceptionnelle qui nous a permis de dominer largement cette Cup. 

Ton meilleur moment ? 

Mon premier match avec Mickelson et Bradley, car ils étaient invaincus en Ryder Cup. C’est vrai que ce jour là il y avait beaucoup de vent, le parcours était difficile à jouer en foursomes, plus que le deuxième jour. Les putts ne tombaient pas, mais on n’a fait aucune erreur, et on est arrivé à bien rester up toute la partie. Et quand au 16, McDowell rentre son putt, cela a été un grand moment, car il n’avait rien rentré de la partie. En arrivant sur le green du 16, McDowell me dit : “Ca ne m’est jamais arrivé de ne pas rentrer un putt de plus de 6m en Ryder Cup “, et là il me dit : « Celui –là, tu vas voir, je vais le rentrer”. C’était un putt vraiment pas évident, et quand il l’a rentré, il m’a regardé, et on était simplement heureux. On était vraiment ravi d’avoir gagné ensemble ce match, car c’était un vrai challenge.

Source :

http://golf.lefigaro.fr/actualite/france/2014/02/24/01005-20140224ARTWWW00006-quand-victor-dubuisson-reinvente-le-golf.php

mondial

 

L’entraîneur Benoît Ducoulombier © Fédération française de golf / Alexis Orloff

Ce n’est pas son caddy, ni son préparateur mental. C’est tout simplement son entraineur depuis presque deux ans. A 59 ans Benoît Ducoulombier tente d’accompagner le numéro un français vers les sommets et une première victoire dans un tournoi majeur, comme il le fait avec les autres joueurs qui ont décidé de travailler avec lui.

Victor Dubuisson en larmes dans les bras de Benoît Ducoulombier.

Cette image marquante remonte au 1er novembre dernier lorsque le numéro un français s’est imposé à l’Open de Turquie après quelques mois d’incertitude.
Benoît Ducoulombier a participé à ce retour au premier plan.

Il n’aime pas s’étendre sur le travail effectué avec le cannois. Il préfère parler des méthodes qu’il emploie avec ses neuf joueuses et joueurs.

Amateurs et professionnels dont Romain Langasque, l’une des étoiles montantes du golf tricolore, car entrainer reste quelque chose de particulier dans cette discipline où le côté psychologique a autant, voire plus d’importance, que la technique.
« La technique, c’est rien, » affirme Benoît Ducoulombier, « la technique ça s’apprend, c’est du concret, après, ce qui est important, c’est que le joueur puisse la répéter sans que cela soit en pensée première. Il faut arriver à faire en sorte que son instinct aille la chercher en fait, c’est lui mettre des choses dans la tête sans trop insister dessus, et que ce ne soit pas quelque chose comme, je dois faire ça, mettre le club là etc…«

Un entraineur en or

Chaque saison Benoit Ducoulombier consacre 4 journées individuelles à ses joueurs, plus une dizaine de jours en séance semi-collectives.

Le reste du temps il se déplace sur les tournois, 25 fois par an sur tous les circuits.

Il marche, suit ses poulains pour mieux les comprendre, pour leur apprendre à résister sous pression.

Lui qui a débuté le golf à 17 ans et qui a quitté le circuit professionnel en 1989 après avoir été numéro deux français reste joignable à toute heure pour les conseiller, les rassurer si besoin.
Il s’adapte aux différentes personnalités à celle de Victor Dubuisson notamment.
» C’est quelqu’un qui se connaît très bien, qui arrive à sentir les choses tout de suite, et qui aime le jeu. Pour lui l’entrainement c’est jouer en fait. Ce n’est pas quelqu’un de laborieux qui va se remettre en cause, il n’a pas besoin de 150 balles pour comprendre quelque chose. Lui va voir des choses que l’on ne voit pas, et il va tout le temps tenter le coup parfait« .

Victor Dubuisson © Fabrice Rigobert / Radio France

« Dubuisson n’a pas réellement besoin de moi »

On décèle une pointe d’admiration dans les propos de Benoît Ducoulombier lorsqu’il parle du jeu de Victor Dubuisson.
Paternaliste, très protecteur, l’entraineur évoque aussi une certaine forme de fierté…
« Je suis conquis par tous mes joueurs, je suis fier d’eux quand ils jouent bien et quand il y a une bonne relation, après il y a des joueurs avec lesquels les relations sont plus compliquées, ou elles mettent des mois ou des années à vraiment s’installer, avec lui ce n’est pas pareil. Il n’a pas réellement besoin de moi. Simplement que je confirme quelque chose, mais il n’a pas besoin de moi« .

Entraineur salarié à plein temps de la fédération française de golf, Benoit Ducoulombier veut rester modeste. Même la 15e place mondiale que son joueur a atteint l’année dernière ne lui a pas donné la grosse tête.