Biomécanique par Vincent ANSEL

Le golf ?

 « Une marche de 10 km ponctuée de déceptions ».

 Ce proverbe résume à lui seul l’importance de la podologie dans la pratique de ce sport. En effet, les longues promenades sur le parcours et les swing répétés (avec l’importance des appuis) font appel à un «accessoire» indispensable à tous les golfeurs : le pied , qui en cas de dysfonction pourra effectivement être la cause d’un swing défaillant, d’un putt mal équilibré et de douleurs dans l’ensemble de l’appareil locomoteur. Ainsi, toute anomalie de morphologie et/ou de fonction du pied et des étages sus-jacents peut avoir des conséquences importantes en «polluant » le mouvement du sportif, d’où les déceptions ponctuelles sur un parcours. Des notions simples sont données ici, mais extrêmement importantes pour comprendre et corriger ses défauts et éviter des problèmes douloureux de poignets, coudes,….

La  biomécanique concerne au golf essentiellement:

  • Les mains, les bras
  • Les pieds, les  jambes et le bassin
  • La colonne vertébrale

Le membre inférieur et à fortiori le pied s’avère être un outil essentiel pour le golfeur, aussi bien pour adopter une posture correcte et stable lors du stance que pour permettre un swing harmonieux et fluide mais également pour déambuler sur le parcours.

La recherche du swing idéal avec des appuis au sol parfait doit passer par une analyse posturale, une analyse des appuis au sol et une analyse des articulations concernées par un podologue du sport.
Ainsi, je vous propose succinctement ici une approche podologique du golf, sport dans lequel les joueurs sont bien conscient de l’importance des appuis, de la souplesse musculaire, de l’équilibre et d’une posture parfaite pour s’améliorer et qui pourtant délaissent bien souvent l’analyse de tout ceci par un podologue du sport.

Pathologies fréquemment rencontrées:

La pratique régulière d’une activité sportive expose l’organisme de part l’intensité et la répétition des contraintes (ondes de choc, vibrations, structure du terrain,…) à des troubles musculo-squelettiques (muscles, ligaments, articulations,…) et peut devenir source de pathologies des membres inférieurs et du rachis. Ces pathologies concernent aussi bien le swing que celles que l’on peut retrouver lors de la marche. En effet, lors d’un parcours complet, le golfeur va non seulement réaliser plus de 50 fois son swing (sans compter les coups d’essais et les heures passées sur le practice) mais aussi une marche de 8 à 12 km sur un terrain bien souvent vallonné et accidenté.

L’intervention du podologue du sport :

Le podologue du sport saura sans nul doute intervenir sur ces différentes pathologies citées ci-dessus mais également participer à la réalisation d’un meilleur swing.

La consultation de podologie devra comprendre :

– un examen biométrique des amplitudes articulaires du membre inférieur, notamment des articulations de la cheville et de la hanche, véritables pivots du swing.

– un examen des éventuelles sur programmations de certaine chaîne musculaire, notamment les muscles posturaux, allant à l’encontre du swing idéal.

– un examen postural (et des différents capteurs posturaux) ainsi que certains tests afin de déceler d’éventuel blocage articulaire.

– une analyse vidéo de la marche et du swing (couplée à un logiciel spécifique) qui permettra d’analyser le geste avec précision et de mieux comprendre l’origine mécanique de la pathologie.

– une analyse des appuis sur podomètre électronique.

Traitements podologiques :

– Tout d’abord, le traitement consistera bien entendu à corriger les diverses déviations stato-dynamiques des pieds, des genoux et du bassin observées lors de l’examen clinique (à la marche et lors de l’exécution du swing) grâce à une paire d’orthèse plantaire thermoformée sur-mesure adaptée au golf.

Elle visera à limiter les mouvements excessifs des pieds et de l’ensemble des membres inférieurs, à redonner un appui stable pour adopter un stance correct et équilibré et à replacer chaque articulations du membre inférieur en position neutre, utile aussi bien lors du swing que du putt. Cette orthèse plantaire apportera de plus confort dans la chaussure, équilibre et répartition des appuis.

– D’autre part, le traitement passera également par un bilan ostéopathique en association avec le bilan podologique afin de lever d’éventuel blocage articulaire.

De plus, en cas de spasme de certain muscle, le golfeur pourra suivre des séances de posturothérapie. Ces séances serviront à améliorer la performance musculaire, à prévenir et guérir des douleurs ou des blessures, permettront une augmentation d’amplitude de certaine articulation et une correction posturale en association avec les semelles.

– En ce qui concerne les douleurs cutanées, le traitement consistera en un soin réalisé par le podologue (ablation des kératomes et hyperkératoses, ponction des hématomes sous-unguéaux, etc…) en cabinet ou en compétition.

De même, la mise en place d’un straping ou d’un padding servant à protéger certaines zones de frottement se fera sur place et permettra au joueur de poursuivre son tournoi dans de bonnes conditions.

Conclusion :

Il me semble que l’examen du golfeur chez un podologue est complémentaire de toutes les autres analyses réalisées par les professionnels du golf, et notamment des différentes mesures prise lors du fitting qui, aussi bon soit-il, ne s’occupe finalement pas des appuis au sol et des déviations pathologiques des pieds, des genoux, du bassin ou des épaules. Ainsi, les mesures effectuées et les clubs réalisés le seront sur un golfeur n’ayant pas corrigé ses problèmes de posture liés à un mauvais positionnement articulaire ou à des rétraction musculaires qui créent immanquablement hook , slice ou autres irrégularités du swing. En effet et par exemple, que penser de la mesure de la distance pli du poignet / sol si l’on observe une épaule plus basse que l’autre liée à un « écrasement » d’un des deux pieds ou à la rotation interne d’un genou? On conforte donc ici le golfeur dans son déséquilibre.

Le podologue apparaît alors comme un allié essentiel du golfeur et de la golfeuse, quelque soit leur niveau, en permettant tout d’abord de prévenir ou guérir les pathologies du pied et du membre inférieur mais également en apportant une optimisation du swing, une stabilisation de l’appui au sol indispensable à un stance équilibré et à un bon transfert de poids. La consultation chez un podologue du sport pour un bilan complet devrait donc être primordiale pour le golfeur soucieux de sa posture, de ses appuis et de l’évolution de son swing et de son putt, et indissociable du travail de fitting et de l’entraîneur

de Vincent ANSEL

Sources : http://podoxygene.com/news/news.php  & http://www.ifm2s.fr/golf-et-podologie/

Objectif : le but de l’étude était d’évaluer l’influence d’une prise en charge ostéopathique sur la performance du swing complet (full) de golfeurs asymptomatiques, et en particulier de mettre évidence une amélioration de la vitesse de la tête du club (VTC) lors de ce mouvement.

Intérêt : Une étude de ce type d’après la littérature n’a jamais été réalisée. Au golf le vol de la balle est directement lié à la performance du « swing complet » (full swing).

Pour Du Moulin et al. (1996), le swing est un déroulement, ordonné dans le temps et l’espace, d’actions musculaires nombreuses sur l’ensemble du corps (membres supérieurs, tronc et membres inférieurs). Le résultat de ces actions enchaînées conduit à conférer à la tête du club un maximum d’énergie cinétique, à l’instant précis de l’impact sur la balle.

De nombreux travaux (Pelz, 1990 ; Olsavsky, 1994) ont traité de l’influence du matériel golfique (club, balles) dans l’amélioration de la VTC. Par contre, les études montrant l’efficacité d’une thérapeutique sur VTC sont peu nombreuses. Lehman et McGilll (1999) ont amélioré le swing à la suite d’une manipulation lombaire augmentant la mobilité du segment traité.

Stude et Gullickson (2000) ont mis en évidence l’influence du port de semelles orthopédiques sur la VTC, au sein d’une population de golfeurs asymptomatiques expérimentés, lors d’un swing complet.

Wiren (1990) a mis en évidence l’existence de cinq facteurs mécaniques pouvant influencer ce vol : La VTC, l’orientation de la face du club, le centrage de la balle sur la face du club, et les fondamentaux du golf, c’est-à-dire le placement (adress), la prise du club (grip), le mouvement lors du swing, et la posture du golfeur (stance). Outre ces facteurs purement mécaniques, il faut également considérer l’importance de facteurs biomécaniques dans les quatre phases du swing golfique : le placement (adress), la montée (backswing), la descente (downswing), la décélération (finish).

Dans le golf il y a quatre types de forces qui s’appliquent sur la colonne lombaire pendant le mouvement de swing : trois forces axiales et une force rotationnelle (Hosea, 1996).

Le contrôle moteur est une des clefs pour prévenir les accidents (Winters & Crago, 2000). La perte de ce contrôle moteur provoque un dysfonctionnement du contrôle articulaire, le plus souvent du à une incoordination entre l’activation des groupes musculaires agonistes et antagonistes (McGill, 1998).

Adlington (1996) a mis en évidence le fait d’avoir de bons appuis podaux lors du placement (adress) permettait au golfeur d’accroître l’accélération du club pendant la descente du swing, avec une augmentation de la VTC et par conséquent, une plus grande distance de vol de la balle. En plus d’un effet podal, une amélioration de la mobilité de la hanche et bassin pourrait également expliquer l’augmentation de la VTC.

McTeigue et coll. (1994) ont montré que la plupart des golfeurs professionnels commençaient la descente lors du swing par la rotation de hanche. De plus Robinson (1994) a observé que la vitesse angulaire de hanche influençait positivement la VTC.

Enfin, selon Cassidy et al. (1992) « les forces de coaptation à l’intérieur des capsules des facettes articulaires vertébrales sont temporairement diminuées après la manipulation, ce qui permettrait un jeu articulaire plus important et augmenterait l’amplitude de mouvement passif dans l’espace paraphysiologique ».

Donc, une amélioration de la mobilité entre la ceinture scapulaire et pelvienne pourrait avoir influencé le facteur « X ». Dans le golf moderne, le facteur « X » est de l’ordre de 45° et nécessite une rotation de hanche de 45° associée à une rotation de la ceinture scapulaire de 90° (Golf Digest, 1999).

La prise en charge ostéopathique pourrait avoir eu un effet en améliorant le contrôle moteur de toutes les parties du corps impliquées durant le mouvement du swing golfique. Cette étude pilote pourrait servir pour une autre étude, mais cette fois avec des golfeurs souffrant de lombalgies, car il semble d’après la littérature (Hosea, 1996 ; Theriault et al., 1996 ; Seaman, 1998) être la souffrance musculo-skelettique le plus souvent rencontrée par des golfeurs, aussi bien professionnels qu’amateurs. Ceci afin de prévenir les accidents rencontrés durant la pratique de ce mouvement sportif.

Matériel et méthodes : Les critères d’inclusion était golfeurs âgés entre 18 et 65 ans ; porteurs de dysfonction ostéopathique ; index de jeu inférieur ou égal à 10. Les critères d’exclusion était traumatisme physique récent (inférieur à deux semaines) ; ayant bénéficié d’un traitement physique, ostéopathique, chiropractique ou de kinésithérapie et sous traitement médicamenteux dans le mois qui précède l’étude ; douleurs au niveau du système musculo-squelettique (inférieur à deux semaines) ; pathologies aiguës ou chroniques avérées.

Vingt golfeurs expérimentés avec un index de jeu inférieur ou égal à dix ont été sélectionné. Ils ont été répartis aléatoirement dans deux groupes de dix, un groupe bénéficiant d’une prise en charge ostéopathique et l’autre groupe (groupe témoin), d’un massage de la colonne vertébrale. Chaque golfeur devait faire dix swings avec un club fer sept. Les golfeurs de chaque groupe, ont été pris en charge une fois que la VTC1 avait été mesurée à l’aide du « Bel – Tronics » Swing Mate, Inc, Mississauga, Ontario). Au troisième jour après cette prise après cette prise en charge, une deuxième mesure de la VTC2 a été effectuée dans les mêmes conditions que pour la VTC1.

L’analyse statistique : Les données de chaque groupe ont été analysées par un test de Wilcoxon pour séries appariées, vérifiant les caractéristiques individuelles et étudier l’évolution de la VTC dans chaque groupe. En plus un test t de Student a été réalisé pour savoir s’i y avait une différence entre le groupe ostéopathie et le groupe témoin (massage) au niveau de l’âge et du IMC. Finalement une analyse de la variance (ANOVA) à un facteur et avec mesures répétées (VTC1 et VTC2) a été réalisée pour savoir s’il existait une différence entre les deux groupes (ostéopathie, témoin avant et après pris en charge). Tous les tests statistiques ont été réalisés par des logiciel STATISTICA 6.1 et SIGMASTAT.

Résultats : Différence hautement significative après prise en charge dans le groupe ostéopathie (p=0.008). Dans le groupe témoin, la différence n’est pas significative (p=0.94). Le groupe ostéopathie a pu accroître en moyenne sa vitesse de 4.5 km h-1 après la prise en charge ostéopathique. Pour le groupe témoin, la différence n’est pas significative (p=0.94). L’analyse de variance (ANOVA) à un facteur avec mesures répétées ne montre pas de différence significative entre les deux groupes (p=0.340).

Conclusions : Les résultats de cette étude ont montré l’efficacité d’un traitement ostéopathique sur la VTC chez des golfeurs avec la reproductibilité de leur swing golfique. Ces résultats encouragent de travailler en ce sens avec des golfeurs souffrant de lombalgie et ainsi améliorer la biomécanique vertébrale et de l’ensemble du corps durant ce mouvement sportif.

Implications : Les golfeurs amateurs, qui exécutent le mouvement du swing avec une faible mécanique, ont démontré présenter une plus grande torsion au niveau de la colonne lombaire, que les golfeurs professionnels. La prise en charge ostéopathique pourrait avoir amélioré le contrôle moteur de toutes les parties du corps durant le swing golfique et pourrait être intéressant pour ainsi réduire les risques d’accidents (Winters & Crago, 2000).

Références

  • Adlington, G.S. (1996) Proper swing technique and biomechanics of golf. Clin Sports Med 15(1):9-26.
  • Cassidy, J.D.,Kirkaldy-Willis, W.H., & Thiel, H.W. (1992) Managing low back pain, 3rd ed., New York:Churchill Livingstone 283-96.
  • Dumoulin, J. et al. (1996) Le golf : analyse par électromyographie intégrée de quelques synergies musculaires durant le swing. Médecine du sport 70:79-83.
  • Golf Digest.Pocket Tips. (May 1999).