Dans les coulisses de la Ryder CUP !

 Vivre une Ryder Cup et assister à la plus enivrante des compétitions de golf, dans son pays, sur un parcours qui vous est familier était une expérience incroyable.

La Ryder Cup se joue en salle de presse

Sur l’écran géant s’affiche l’évolution des scores en temps réel. Le tableau est digne de celui d’un hall de gare annonçant les trains : incompréhensible pour les profanes. Ici, toutefois, dans le Media Center de la Ryder Cup, les 450 journalistes installés derrière leur ordinateur le décrypte parfaitement. Trois espaces vidéos, retransmettant les images en direct de Sky Sport, NBC et Golf+ complètent le dispositif.

«Dans un un tournoi de golf, on passe beaucoup de temps en salle de presse devant les écrans, explique Laurent Louët, rédacteur en chef du service des sports au Figaro. Le golf est un sport de scoring, il faut suivre en direct toutes les parties qui se jouent simultanément, et ces tableaux nous donnent beaucoup d’informations.»

En rouge, en bleu, entourés d’un cercle ou pas, les chiffres indiquent le nombre de coups réalisés par les joueurs en-dessous ou au-dessus du par, bogeys ou eagles. Au centre, le score général : ce samedi midi, à mi-parcours de la Ryder Cup, l’Europe mène devant les Etats-Unis, 8 à 4.

Dix kilomètres en suivant les joueurs

La clameur du public, à l’extérieur sur le parcours de l’Albatros du Golf National, est à peine perceptible. Dans la salle de presse, attenante à la cafétéria où le café servi à volonté, l’ambiance est studieuse. Les journalistes sont plus mesurés. C’est tout juste si une rumeur se fait entendre lors d’un bon coup, ou un rire moqueur quand, par malheur, la balle d’un concurrent atterrit dans l’eau.

Le reportage du journaliste de golf ne se limite toutefois pas aux lumières artificielles du Media Center. «Il faut aussi prendre le temps d’aller sur le terrain, affirme Laurent Louët. Cela permet de humer l’atmosphère des parties. A la Ryder Cup, les spectateurs ont un rôle fondamental. Les joueurs ne sont pas habitués à cette ambiance. Les voir en vrai permet de comprendre leur psychologie. Ils peuvent être perturbés par le public

Les places sur le parcours ne sont pas nombreuses. Il y les photographes, avec des chasubles bleues, et une poignée de rédacteurs assortie d’une chasuble rouge. Tous peuvent se positionner devant les cordes contenant le grand public. «Généralement je fais neuf trous, précise Laurent Louët. Il n’est pas rare que je parcours dix kilomètres en une journée.» Et contrairement aux golfeurs, les journalistes n’ont pas de caddie pour porter leur matériel.


Des photographes sous surveillance

Sur la Ryder Cup, les photographes sont obligés de suivre des règles très strictes. Situés au plus près des joueurs, ils doivent se fondre dans le paysage et s’agenouiller afin de ne pas déconcentrer les compétiteurs. Ainsi, le flash est logiquement proscrit et il est interdit de “se positionner dans le champ de vision du joueur”. De même, il ne faut pas “déclencher son boîtier avant l’impact”. Pour ce type de photos des appareils silencieux, comme des hybrides, sont conseillés. «Pas de soucis, car les photos avant le coup ne sont jamais très bonnes, parce que le joueur a la tête baissée, confie un photographe. En revanche, dès le coup donné, il relève la tête pour suivre la balle.» Le meilleur moment pour le cliché idéal.

Retour sur une semaine extraordinaire.

Le bonus

Se retrouver parmi les “PGATour”, “GOLF.com”, “Golf Channel”, “The R&A”, …

Quelque chose comme 250 postes de travail équipés de 2 prises électriques (anglaises), une radio et écouteurs pour avoir le son des 3 chaînes télé diffusées sur l’écran géant (Sky, Golf Channel et Golf+), les radios Ryder Cup (Versions française et anglaise), l’audio des conférences de presse pour ceux qui préféraient juste le son à la réalité. Dans cette salle immense, des journalistes américains et britanniques en grande majorité mais aussi allemands, italiens, espagnols, scandinaves ou encore quelques médias d’Amérique centrale et du Sud. Je ne me rappelle d’ailleurs pas avoir vu des médias asiatiques.

En toute honnêteté, quand vous entrez dans le Media Center, on ne va pas se mentir, c’est d’abord la fierté qui vous gagne. Celle d’avoir réussi un pari qui n’en était pas vraiment un. C’était plutôt un de ces rêves issus de l’envie et surtout de l’espoir un peu fou que cela pourrait arriver.

Pendant quelques minutes, tout m’a semblé assez irréel. Je suis resté un moment assis sur la chaise qui serait la mienne pendant cette semaine. Je regardais l’énorme écran géant qui passait des images de précédentes Ryder Cup, des interviews. Il y avait du bleu, du rouge, des bandeaux qui défilaient en bas de l’écran. Je n’arrivais pas à fixer mon regard sur quelque chose en particulier. Mes yeux se baladaient partout, cherchant à emmagasiner un maximum pour le cas où un officiel viendrait me taper sur l’épaule en me disant que je n’avais finalement rien à faire là.

Oui, juste après cet émerveillement, c’est bien se sentiment de ne pas être vraiment à sa place parmi tous ces “noms” du golf. Ce n’était pas nécessairement basé sur la qualité de ce que l’on a produit jusqu’ici sur le blog car je crois sincèrement que notre contenu est de qualité. J’en veux pour preuve, à minima, l’énorme boulot (Big Up pour Gurvann !) qui a été fait en amont pour délivrer des informations utiles aux futurs spectateurs.
En fait ce léger inconfort était sans doute la prise de conscience que pour un tel évènement mondial, notre audience reste confinée à quelques poignées de passionné(e)s. Même si au fil du temps, ces poignées sont devenus brassées, nous ne touchons qu’une fraction de joueurs et amoureux de ce sport.

En fait ce léger inconfort dure jusqu’à voir les postes de travail réservés… à France Télévisions ! Au moins, tu sais que toi, tu as la conscience libre d’avoir tenté de promouvoir le golf, même avec tes petits moyens.

Emotions et communion

Au cours de cette semaine, il y a des dizaines de moments forts sur lesquels je pourrais revenir en détail : la première vue d’ensemble du Golf National au sortir du terminal Ouest avec ces tapis verts immaculés et ces bâtiments bleu et blanc un peu partout en parfaite harmonie dans le décor, le gigantisme de la grande tribune sur un golf, la cérémonie d’ouverture sobre et classe, les arrivées matinales sur l’Albatros avant les spectateurs et l’effervescence incroyable dès que les portes du parcours s’ouvraient.

Il y aussi ces chants, ces encouragements mais aussi ces silences multipliés par 1000 par rapport à n’importe quel tournoi déjà vécu, ou encore ces moments “extra-sportifs” en salle de presse qui vous donnent l’illusion totale d’une certaine proximité avec les joueurs.

Autant d’images et d’instants mémorables pour lesquels une description ne saurait réellement rendre hommage, mais aussi parce que certaines choses ont résonné en moi, sans que cela ne soit ni compréhensible, ni perceptible pour un autre.

La plus grande joie restera sans doute d’avoir pu partager ces jours avec des passionnés, amis, connaissances et inconnus. Quand depuis la tribune du 1, ou sur n’importe quel trou, tu poses ton regard sur une foule hallucinante et jamais vue sur un golf qui, comme toi, aime réellement et intensément le golf (ou au moins cette compétition), tu comprends alors que tu vis quelque chose de magique.

Rien à redire sur cette Ryder Cup ?

Le bémol principal que je mettrais est le niveau de golf des américains, bien au-dessous de ce qu’ils ont montré cette saison.
Oui, ils n’ont pas – ou plus par rapport à 2016 – cet esprit d’équipe des européens. Mais on rappellera que lors de 20 matches sur 28, chaque joueur joue avec sa balle et peut se la jouer individualiste s’il le souhaite.
Oui, le parcours a été préparé soigneusement pour les piéger et cela a fonctionné. Mais on parle des meilleurs joueurs du monde qui seraient donc incapables de viser une bande 20m de large au lieu des 30 habituels sur le PGA Tour ? Pas suffisamment forts pour se régler au putting en 3 ou 4 jours et s’adapter à une vitesse de greens plus basse que sur le circuit américain (où évoluent aussi 2/3 des européens). Quelque chose m’échappe vraiment.

Donc une question de décalage horaire, de fatigue, d’éventuelles mésententes, de manque de motivation, ou un peu de tout ça. En tout cas, merci à Justin Thomas, Jordan Spieth, Tony Finau et Webb Simpson d’avoir donné le meilleur d’eux-mêmes.

Côté organisation, quelques uns ont soulevé notamment des difficultés d’acheminement vers et depuis le Golf National. Je ne les ai pour ma part jamais constatées. Je dirai simplement qu’on ne fait pas entrer 50 à 60 mille personnes dans une enceinte comme quelques invités dans son salon.

Entre la logistique, les infrastructures, la signalétique, l’accueil toujours souriant du personnel de sécurité aux abords et à l’intérieur du Golf, le dévouement et l’investissement des bénévoles, je n’ai aucun point de comparaison mais je me suis senti fier de ce qui avait créé et offert aux spectateurs du monde entier.

Certes, il y a eu le problème de gestion des poubelles (mais qui ne peut résoudre celui de l’incivilité et du manque d’éducation de certains), le trust des britanniques dans toute la partie restauration, le grand n’importe quoi de la cinquantaine de suiveurs dans les cordes sur chaque partie, ou encore le petit loupé de la cérémonie de clôture où nombreux l’attendaient au même endroit que pour l’ouverture, et non sur le green du 18.

Mais, si je dois mettre un seul carton rouge, ce sera à Ryder Cup Europe qui a bien abusé les détenteurs de tickets pour la grande tribune en les installant sur le côté et non dans l’axe du trou n°1.

Au final, rien qui ne saurait gâcher la fête vécue ! Juste quelques nuages, de temps à autres, dans le grand ciel bleu de cette semaine. Le mot de la fin ? Assister à une Ryder Cup, c’est avoir l’assurance de vouloir le refaire. Sans doute pas en France, pourquoi pas aux Etats-Unis, mais certainement en Italie.

Ryder Cup 2018 : l’heure du bilan !

Un mois jour pour jour après avoir refermé le merveilleux chapitre de la Ryder Cup, Jean -Lou Charon et Pascal Grizot en dressent le bilan.

Quel meilleur souvenir gardez-vous personnellement de cette semaine historique pour le golf français ?

JLC : Je resterai à jamais marqué par l’engouement populaire exceptionnel de cette Ryder Cup. La foule massée devant les grilles vendredi au petit matin entre chien et loup dans l’attente de rentrer sur le Golf National, les allées pleines à craquer de monde… C’est inoubliable.

PG : Mon meilleur souvenir restera mon arrivée le vendredi matin et la vision des tribunes du 1 et du 2 se remplissant à une vitesse folle pour chanter et se répondre à 400 mètres d’intervalle comme dans un des plus bruyants stades de football.

L’exposition médiatique du golf a-t-elle été à la hauteur de vos espérances ?

JLC : Nous sommes particulièrement satisfaits. L’attente était forte et légitime de la part du monde du golf. Lorsque le moment est venu, dans un temps médiatique toujours plus concentré, le golf et la Ryder Cup ont véritablement tiré leur épingle du jeu. Les journaux télévisés de toutes les grandes chaînes se sont emparés de l’événement. Les radios nationales ont inondé leur antenne de golf. La presse écrite dans son ensemble s’est mobilisée et l’audience digitale a complétement explosé. C’est une grande réussite. Les équipes fédérales y ont largement contribué.

PG : Cette exposition très positive a été décuplée par la présence de Tiger Woods. Cela a été un accélérateur incroyable. Avec ou sans lui, les américains laissent régulièrement entendre que les audiences peuvent varier du simple ou double. Nous en avons pris la mesure également. C’est un peu la cerise sur le gâteau. De manière globale, je suis particulièrement heureux que nous ayons réussi ce pari. Pour mettre les français en contact avec le golf et leur montrer le vrai visage de notre sport, nous avions l’obligation de relever ce défi médiatique. Ce n’est pas toutes les semaines que l’on parle de golf dans la matinale d’Europe 1, dans les JT de TF1, France 2, France 3, M6, que les Echos Week-end consacre entièrement un de ses numéros au golf, que l’Equipe fasse trois de ses Unes sur le golf en l’espace de 8 jours et produise plus de 50 pages sur notre sport. Et la liste est longue.

Ne regrettez-vous tout de même pas l’absence de diffusion de l’événement sur une chaîne gratuite ?

PG : La Ryder Cup ne fait pas partie des grands événements protégés. On peut le regretter mais c’est ainsi. Nous avons tout de même la chance d’avoir un diffuseur historique et fidèle avec le groupe Canal+. Et ils se sont montrés à la hauteur. Détenteur des droits de l’événement, ils ont déployé un important dispositif pour offrir le meilleur de la Ryder Cup à leurs abonnés. Plus de 2,2 millions de personnes ont ainsi suivi le tournoi. C’est un record absolu pour eux. Alors oui, avec une retransmission sur une chaîne gratuite, sur une chaîne du service public par exemple, nous aurions certainement fait encore mieux. Mais il fallait une conjonction de deux facteurs : une réelle volonté d’une chaîne de diffuser la Ryder et d’entrer en négociation avec le groupe Canal+ et deuxièmement un souhait de Canal+ de partager ses droits sur le marché français. L’histoire s’est écrite différemment. Remercions Canal+ d’avoir diffusé quelques heures de la Ryder Cup en clair. Tous les parisiens ont également pu suivre la Ryder Cup en direct et en intégralité sur un écran géant installé dans la Fan Zone sur le parvis de l’hôtel de ville. Ils n’y étaient pas obligés. La Ryder Cup est un événement premium. Nous avons été très sensibles à ces efforts.

JLC : Nous devons relativiser un peu cette absence de retransmission de l’événement ailleurs que sur les antennes du groupe Canal +. L’exposition TV du golf et de la Ryder Cup a été très forte. Les chaînes de TV françaises ne se sont pas cachées derrière la propriété des droits pour justifier un désintérêt pour la Ryder Cup. Elles ont pris la mesure de l’événement et se sont mobilisées. Je le répète. Je ne vais pas bouder mon plaisir d’avoir vu autant de golf dans les grands JT français dont l’audience est, comme vous le savez, très significative.

La présence de Tiger Woods a permis de compenser l’absence d’un joueur français. N’est-ce pas là votre plus grand regret ?

PG : Oui. Quand on voit comment Grégory Havret et Raphaël Jacquelin, en tant qu’assistants de Thomas Bjorn, ont pu communier avec le public, on ne peut s’empêcher de penser que cela aurait été fantastique. Mais de l’avis des organisateurs de la Ryder Cup, l’édition 2018 du Golf National a marqué les esprits. On a mis la barre très haut. L’absence d’un joueur français n’a pas eu d’influence négative sur l’impact de l’événement en France.

JLC : Ne croyez pas toutefois que nous n’avons pas fait notre auto critique. Les faits sont là. Nous les connaissons. Malgré la participation de Victor Dubuisson à la Ryder Cup 2014, nous ne sommes pas parvenus à qualifier nos joueurs lors des deux dernières éditions. Il y a encore un plafond de verre que nous ne parvenons pas à briser. Nous en avons tiré les leçons. Comme nous l’avons annoncé dernièrement, notre politique a évolué et va continuer à évoluer pour atteindre cet objectif d’avoir des joueurs et des joueuses au plus haut niveau, jouer et gagner des épreuves majeures.

Côté spectateurs, le succès est total. Plan de transports performant, expérience sur le site à la hauteur du prestige de l’événement. De quoi êtes-vous le plus fier ?

JLC : D’avoir offert à un grand nombre de nos licenciés la possibilité de vivre cette expérience. Il faut le rappeler. Nous avons négocié âprement avec le détenteur de droits, dans le respect de la législation européenne, un quota de places pour les français et une billetterie prioritaire pour nos membres.

Je tiens à rappeler que 42% des spectateurs étaient français !

PG : Je rejoins évidemment Jean-Lou sur ce point. C’est une fierté d’avoir atteint cet objectif. Je suis également très fier du plan de transports que nous avons déployé. Cette responsabilité incombait à la Fédération française de golf en tant que pays hôte. Nous avons travaillé main dans la main avec les services de l’Etat pour proposer à tous les spectateurs et à nos licenciés un plan de transports digne des plus grands événements. C’est un travail de plusieurs années en coulisses. Un travail de l’ombre. Nos efforts ont payé.

Grâce à ce plan de transports, le Golf National a pu exploiter sa très capacité d’accueil. Quand vous avez découvert le site fédéral plein à craquer et dans une ambiance électrique, à quoi avez-vous pensé ?

PG : Même si j’en étais convaincu, je me suis dit que ce site était vraiment fait pour la Ryder Cup et que la Ryder Cup devra un jour revenir au Golf National. Le dimanche, voir les spectateurs des trous numéro 1 et 2 se répondre, c’était tout simplement exceptionnel. Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu ça ailleurs, à part peut-être à l’Open de Phoenix aux Etats-Unis. Que la Ryder Cup revienne, voilà ce qui m’a traversé l’esprit.

JLC : On va se remettre doucement d’abord (rires). Personnellement, à cet instant, j’étais animé d’un sentiment de fierté et de reconnaissance. Fierté de présenter un parcours de ce niveau aux yeux du monde entier et de faire ainsi rayonner le golf français. Et reconnaissance envers les équipes de terrain qui ont travaillé admirablement et envers les élus et permanents qui à fin des années 80 ont eu cette vision pour ce site.

La Ryder Cup a-t-elle réellement permis de mettre le golf dans la vie des français ?

PG : Oui sans contestation. Grâce à la Ryder Cup, nous avons multiplié les opérations, dans ou en dehors de nos clubs, pour promouvoir notre sport et le faire découvrir au plus grand nombre. Je fais référence aux initiations gratuites dans nos golfs. Je pense à notre Ryder Cup Golf tour dans 11 grandes villes de France en 2018. Je parle de Saint Quentin en Yvelines et de Paris qui se sont transformées, à plusieurs reprises, en practice de golf accessible à tous… à l’occasion de notre opération Swing au Trocadéro en juin 2013 ; au drive des deux capitaines depuis le 1er étage de la Tour Eiffel lors du One year to go. Je parle aussi du village d’animations de la Ryder Cup sur le parvis de l’hôtel de ville du 20 au 30 septembre qui a accueilli plus de 30 000 personnes et du pavoisement des champs Elysées du 17 au 30 septembre. Je n’oublie pas non plus le rôle de nos ambassadeurs. Et en particulier celui de Dany Boon qui nous a aidé à repousser les frontières du golf grâce à un programme audiovisuel original et son implication dans la promotion du golf dans les médias.

JLC : Nous avons mobilisé toutes les énergies pour cela. Nous avons travaillé avec nos ligues, nos comités départementaux et nos clubs pour agir sur tout le territoire national et pas seulement à Paris. Les organes décentralisés de la Fédération française de golf, ainsi que leurs bénévoles, ont témoigné d’un engagement indéfectible, participant à rassembler une foule importante et encadrant avec passion les différents ateliers proposés à l’occasion du Ryder Cup Golf Tour. La ffgolf, ses ligues et ses comités départementaux ont renforcé leur lien et ont démontré leur capacité à œuvrer de concert autour d’un grand projet pour leur sport.

Avez-vous atteint un public jeune à travers ces actions ?

PG : En partie. Mais nous avons mené d’autres opérations qui ciblaient prioritairement les jeunes. Grâce à un programme pédagogique pluridisciplinaire original, « Mon carnet golf », plus de 47 000 élèves de CM1 et CM2 répartis sur l’ensemble du territoire ont découvert le golf à l’école. Et l’école s’est déplacée aussi en masse au golf. Ils étaient 6 000 collégiens et élèves d’écoles primaires à faire le déplacement à la Junior Ryder Cup parmi les 10 000 jeunes présents au total sur le golf de Disneyland Paris. Une première dans l’histoire de cette confrontation des moins de 18 ans.

JLC : Et il y aura un lendemain. Nous avons bien l’intention de faire perdurer ce carnet en surfant sur l’accueil des Jeux Olympiques 2024. Le golf est de retour dans le programme olympique depuis 2016. Le Golf National accueillera les épreuves de golf.

Etes-vous véritablement prêts à accueillir ces nouveaux publics ?

JLC : Nous le sommes car nous avons atteint l’un des objectifs majeurs de notre défi Ryder Cup. Nous avons créé à date 98 petits parcours de proximité destinés principalement aux joueurs débutants. Au total, sur la période 2009 – 2018, ces petits golfs ont permis de créer 17 000 nouveaux joueurs licenciés alors que 80 000 licences ont été délivrés sur la même période dans ces nouvelles structures.

PG : Et nous avons plus d’une centaine de projets en réserve. C’est un mouvement en profondeur qui a été amorcé par la ffgolf. En développant ce type d’équipements, nous créons les conditions pour mettre plus facilement les français au golf et les guider ensuite vers des parcours traditionnels qui proposent une offre parfaitement complémentaire.

Pour mettre les français au golf, vous avez insisté sur les bienfaits du golf sur la santé à travers notamment l’organisation du Ryder Cup Forum Golf et Santé. Une première…

PG : Ces nouveaux joueurs, nous les captons parce qu’ils trouvent dans le golf, au-delà d’une offre adaptée, une réponse à leurs aspirations. Et les bienfaits de notre sport sur la santé ne sont pas neutres dans les motivations. C’est la raison pour laquelle, avec de célèbres professeurs et la participation d’Erik Orsenna, nous avons organisé le premier Ryder Cup Forum Golf et Santé le 21 septembre dernier à la fondation Louis Vuitton. Grâce à la Ryder Cup, nous aurons ainsi éclairé le grand public sur les nombreux atouts de notre sport dans ce domaine.

JLC : Et les médias ont été au RDV de cet événement. Je pense à Télématin qui a consacré un large page de son émission au golf et à la santé. Ou encore à la chronique d’Edwige Coupez de France Info ainsi qu’au reportage consacré par M6 à ce sujet dans son émission « Sport 6 ». J’en oublie et je m’excuse mais cela illustre bien

Pendant plusieurs jours, de nombreux spectateurs étrangers de la Ryder Cup sont venus aussi jouer des parcours français. Pensez-vous que cet effet Ryder Cup va se prolonger dans le temps ?

PG : C’est certain ! Le potentiel est gigantesque avec pas moins de 7 millions de golfeurs européens, américains et asiatiques qui prennent des vacances liées la pratique du golf. Pour les séduire, les golfs français se sont appuyés sur l’expertise et les réseaux d’Atout France. Plusieurs actions de promotion à l’international, sur les marchés de proximité mais également plus lointains, ont été déployées. Je n’en citerai que quelques-unes mais elles illustrent parfaitement l’ampleur de l’effort. Premier exemple marquant, l’organisation d’un dîner d’influence à Hazeltine au Minneapolis Institute of Art en présence de tour-opérateurs spécialisés, agents de voyages, organisateurs d’événements, journalistes et influenceurs. Autre exemples : l’accueil en France de l’International Golf travel Market 2017, salon international des professionnels du tourisme golf, l’organisation de journées techniques sur le thème du tourisme à destination des dirigeants de golf ou encore la présence d’un Pavillon France sur les éditions 2014 et 2016 de la Ryder Cup. Sans la Ryder Cup, le golf français n’aurait pas avancé si vite dans la promotion touristique. Elle a donné un sacré élan. Et on ne va pas s’arrêter là.

JLC : Que dire de plus. L’effet perdure, de nombreux parcours et resorts français, ont des réservations pour les mois à venir grâce à ce coup de projecteur de la Ryder Cup ! Je ne sais pas vous dire combien d’années la Ryder Cup nous a fait gagner dans ce domaine. Mais je suis certain que cela se compte en dizaines d’années.

Avons vous évalué l’impact économique de la Ryder Cup ?

PG : L’impact économique prévisionnel est estimé à plus de 200 millions d’euros. Quant à la création de 100 petits parcours de proximité, ils représentent au total un investissement de 65 millions d’euros dans l’économie française.  La Ryder Cup en France c’est aussi ça !

JLC : Une étude du Ministère des sports reposant sur une méthodologie fixée par Bercy viendra officiellement valider le montant total de la création de richesses générées par l’accueil en France de la Ryder Cup.

Votre relation avec les licenciés s’est-elle renforcée avec la Ryder Cup ?

JLC : La ffgolf s’est emparée de la Ryder Cup pour créer toujours plus de liens avec ses membres et renforcer sa communauté.  Cela s’est traduit de différentes manières en particulier à travers nos actions pour favoriser les licenciés dans le processus d’acquisition de billets pour assister à la Ryder Cup. Elle s’est traduite également par de multiples initiatives sur le terrain. Je pense en particulier aux très nombreuses compétitions Cap 2018 auxquelles les golfeurs ont participé massivement. Plus de 70 000 joueurs y ont pris part entre 2012 et 2018.

PG : La Fédération française de golf est reconnue pour la qualité de son programme relationnel. Nous avons été parmi les premiers à véritablement nous préoccuper de nos licenciés et c’est une de nos priorités. Cela passe par le déploiement de services adaptés aux attentes de nos membres.

La ffgolf a témoigné de sa capacité à recevoir de grands événements… cela appelle-t-il de nouveaux projets ?

PG : Notre modèle économique, avec cette opération de crowfounding à grande échelle, a été une réussite. Nous avons mené une campagne d’influence très efficace. Notre budget annoncé a été maîtrisé. Nous avons piloté les travaux du golf national avec la plus grande rigueur. Nous avons travaillé main dans la main avec les services de l’état. Nous avons étendu notre influence et développé nos partenariats économiques. La ffgolf s’est placée sur l’échiquier du golf mondial. La ffgolf a développé ses relations au plus haut niveau de l’état. La ffgolf a su mobiliser de grandes entreprises françaises à ses côtés à travers son club des partenaires. Et plus largement le monde économique grâce au club 2018 réservé principalement aux PME. Oui, on peut affirmer, en toute humilité, que nous avons un savoir-faire. Et cela serait une erreur de ne pas capitaliser dessus dans les années à venir.

JLC : Nous accueillerons les championnats du Monde Amateur en 2022. Et la question se posera pour d’autres grands événements avec en premier lieu, je le répète les Jeux Olympiques en 2024.