André-Jean Lafaurie n’est plus Par Romain Muraille le 23/10/14,
Le monde du golf est en deuil, André-Jean Lafaurie nous a quittés. Le célèbre et emblématique journaliste de golf s’est éteint mardi soir, à Saint-Jean de Luz, victime d’une longue maladie. On se souvient notamment de sa voix pour Canal+ et de sa plume pour Golf Européen, un homme à coups d’éclats que l’on regrette déjà.
La disparition d’André-Jean Lafaurie résonne dans les esprits du monde golf.
Né en 1948, cet homme à tout faire dans la sphère de la petite balle blanche s’en est allé à une semaine de son 66èmeanniversaire.
Le journaliste et écrivain André-Jean Lafaurie, rédacteur en chef du magazine Golf européen pendant vingt-cinq ans et qui avait imposé ce sport dans les médias français des années 1980, est mort mardi à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques).
Au fil des ans, André-Jean Lafaurie était devenu l’un des spécialistes mondiaux les plus reconnus de cette discipline, au point de devenir membre du Royal and Ancient Golf Club of Saint-Andrews , un des plus vieux clubs au monde, considéré comme la « Maison du golf » par les spécialistes.
À la retraite, il s’était installé à Saint-Jean-de-Luz, au Pays basque où il avait ses racines, et avait commencé une carrière de romancier avec une saga à succès La Maison Etcheverry trois volumes et Les Marées de Socoa, dont le troisième volume doit paraître prochainement.
La « voix du golf », qui commentait les compétitions sur Canal+, avait aussi consacré de nombreux livres à sa passion, comme le Dictionnaire amoureux du golf, Histoire du golf ou encore une biographie du célèbre joueur américain Tiger Woods.
La Voix du Nord, Europe 1, Libération, Le Point, Golf Européen et bien sur Canal+ furent les étapes de son parcours journalistique.
Le golf pour lui était une réelle passion. Originaire de la région Basque, il a notamment passé 25 ans de sa carrière chez Golf Européen entre 1971 et 1996.
Du poste de rédacteur jusqu’à celui de rédacteur en chef, il était le pilier de ce magazine et un homme surprenant comme l’a expliqué Jean François Bessey, rédacteur adjoint de Golf Européen sur le site de la ffgolf :
André-Jean Lafaurie a incarné pendant plus de vingt ans le journalisme de golf. Entré à Golf Européen au tout début de l’aventure de ce magazine, AJL comme on le surnommait y faisait tout. Raconteur d’histoires, pianiste de jazz à ses heures, colérique parfois, imprévisible souvent, il a hanté les nuits de ses adversaires.
Un monstre de la chaine cryptée
Et puis il y eu Canal+, où il est devenu spécialiste golf dès la création de la chaine en 1984. Pendant vingt belles années sa voix a commenté les fairways et les joueurs du monde entier. Aux cotés de son partenaire de toujours, Bernard Pascassio, il incarnait le paysage médiatique français du golf. Son ami Dominique Larretche, qui a du mal à en parler au passé, s’en souvient :
C’est un type assez exceptionnel, on est rentré à la télévision ensemble avec lui et Charles Bietry, on a fait un chemin extraordinaire. C’est quelqu’un que j’adore, un génie à sa façon, il se passe toujours quelque chose quand tu es avec lui. Il a son caractère, un personnage hors du commun, un poète.
Reconnu à l’international dans le milieu du golf, il était même membre du très fermé Royal et Ancien de Saint-Andrews, La Mecque du golf.
Le golf mais pas que
Sur la fin de sa carrière, sa flamme pour l’écriture ne l’avait toujours pas quitté. Il écrivait sur les greens avec le Journal du Golf et était devenu un auteur reconnu dans le monde de la petite balle blanche. On se souvient notamment da la première biographie de Tiger Woods, du dictionnaire amoureux du golf ou encore du succès des trois tomes de la maison Etcheverry.
Cet homme de grande culture, obsédé par les mots, avait une troisième facette, il était un vrai pianiste de jazz. Solitaire et discret, il se réfugiait souvent dans son coin pour trouver l’inspiration comme en témoigne Dominique Larretche :
Un soir à Bordeaux, au golf du Médoc en hiver, je le vois et le salue au restaurant, il me dit « laisse moi tranquille », il manquait d’inspiration et s’est énervé en me criant « voilà tu as tout foutu en l’air ! » de manière bien sûr humoristique.
André-Jean Lafaurie va énormément manquer à ceux qu’il côtoyait. Le golf perd un homme exceptionnel et un journaliste passionné.
Jean-Lou Charon, Président de la ffgolf
Ce journaliste de talent, grand amoureux passionné de golf, représente pour moi la voix du golf. J’ai en mémoire ses commentaires à la télévision en compagnie de Bernard Pascassio, cette envie, ce goût du jeu qu’ils savaient l’un et l’autre nous transmettre avec tant de fougue. André-Jean c’est aussi la presse écrite golfique, ses positions parfois tranchées mais toujours son grand amour de notre discipline. Le monde du golf est triste en ce jour et salue avec respect la mémoire d’André-Jean Lafaurie.
Christian de Guerre
Conteur, journaliste, écrivain, pianiste de jazz, André-Jean Lafaurie est tout à la fois. D’un petit rien, ce collectionneur de stylos plume a l’art de nous raconter une histoire à perdre haleine. Aux côtés de son ami fidèle, Bernard Pascassio, il enchaîne les directs sur Canal +, commentant les tournois du Grand Chelem pour le plus grand bonheur des golfeurs belges, suisses et français. Ne laissant personne indifférent, le monde du golf l’adore et le craint. D’une voix au timbre voilé, il occupe vite les ondes d’Europe 1. Mais c’est dans l’écrit que ce travailleur infatigable se distingue. De sa plume au vitriol, dans les colonnes de l’Equipe et de Golf Européen, manches retroussées, chaussures de golf bicolores aux pieds, il distribue les mauvais points et fait souvent mouche. Membre du Royal & Ancient, de Chantilly et plus tard de Chantaco, il est remarquablement informé et signe sous différents pseudo. Francis Ajel c’est lui, Emmanuel Etcheverry c’est lui, Paretbirdy c’est lui aussi. Célibataire endurci, amoureux du Pays Basque où il se retire, AJL, comme on l’appelle, vient à bout d’une trilogie publiée chez Anne Carrière. Dans sa dédicace, il dévoile un pan de sa vie : « Pour Christian de Guerre, cette histoire de La Maison Etcheverry, lui qui sait que les seuls êtres humains à peu près réussis sont les femmes !
Bernard Pascassio
André-Jean Lafaurie, le dernier trou ! André-Jean était mon ami mais il fut aussi un très grand journaliste et un véritable amateur de golf. Il a contribué comme bien peu au développement du golf en France. Dès les années 70, aux côtés de Gaëtan Mourgue d’Algue, multipliant les pseudonymes (AJL, Francis Ajel, Jean Parébeurdy…), il anime Golf Européen, le magazine qui jouera un rôle moteur incomparable pour multiplier les licenciés et débarrasser le jeu de golf – un loisir de berger écossais, faut-il le rappeler – de son image de sport de riches, de vieux et/ou de snobs. Au début des années 80, il fera partie dès le départ de la formidable aventure du golf à Canal+ qui renforcera la première démocratisation tout autant que la renommée de ce sport à part entière. Doté d’un caractère bien trempé et d’une plume affûtée, bosseur sans égal, cultivé, méticuleux jusqu’au détail, entier dans ses partis pris, Lafaurie allait toujours au fond des choses. Il aimait le travail bien fait, la musique, – surtout le jazz qu’il pratiquait – mais aussi les chiens, parfois plus que bien des gens. Son sens de l’amitié était indéracinable et cet homme fidèle, honnête, drôle, ne supportait pas la bêtise et le proclamait haut et fort. Dans son dernier livre « Tonnerre de golf » qui sort ces jours-ci – coïncidence – il citait un dicton écossais : « Les vieux golfeurs ne meurent jamais ». Dont acte, André-Jean. Au revoir…
Jean Garaialde
Nous étions amis depuis plus de 40 ans. Nous avons fait beaucoup de tournois ensemble, moi les clubs en main, lui avec son stylo, et vécu des moments magnifiques. C’est un garçon que j’appréciais beaucoup, sérieux, fidèle et avec qui j’avais eu le plaisir de faire deux livres sur ma carrière. Il aura beaucoup fait pour le golf en France, à Golf Européen, au Journal du Golf. Je perds un ami, avec beaucoup de tristesse.
Arnaud Tillous, directeur de la rédaction du Journal du Golf
Le meilleur journaliste de golf français de tous les temps. Sa contribution à l’histoire de la petite balle blanche dans notre pays est immense. Il incarne le journaliste et même le journalisme de golf hexagonal à lui tout seul. André-Jean, c’était la plus belle des plumes au service d’une science du jeu incroyable. J’ai eu la chance de le rencontrer, de l’écouter, qu’il accepte d’écrire pour le Journal du Golf. C’était notre maître à tous et un être humain d’une grande gentillesse. Nous sommes tous orphelins. Adieu l’ami.
Jean-François Bessey, rédacteur en chef adjoint de Golf Européen
André-Jean Lafaurie a incarné pendant plus de vingt ans le journalisme de golf. Entré à Golf Européen au tout début de l’aventure de ce magazine, AJL comme on le surnommait y faisait tout. Il dirigeait, concevait, écrivait et moquettait même les pages !
Raconteur d’histoires, pianiste de jazz à ses heures, colérique parfois, imprévisible souvent, il a hanté les nuits de ses adversaires. Car pour lui, le golf n’était pas une famille sans problèmes.
Retiré à Chantaco, il est resté jusqu’à son dernier souffle dévoré par le feu de l’écriture. Paix à son âme.
André-Jean Lafaurie (Auteur), J.F. Lefevre (Photographie)
Jack Nicklaus (Auteur), André-Jean Lafaurie (Traduction)