Quel rapport avec le golf ? Directement aucun ! Mais si l’on est persuadé, comme Bobby Jones que « le golf de compétition se joue sur un terrain d’environ 6 pouces… c’est à dire l’espace compris entre vos deux oreilles », autant avoir une petite idée de ce qui se passe sur ce terrain.
Des molécules secrétées au sein du cerveau agissent sur la vigilance, le souvenir, le sentiment de bien-être ou le stress : ce sont les neurotransmetteurs. Focus sur les 6 messagers chimiques cérébraux les plus importants. Plus les conseils du Dr Braverman, auteur du bestseller Un cerveau à 100% pour en avoir des quantités optimales.
Et si possible une idée juste tant il traîne de contre-vérités et d’approximations sur un sujet déjà suffisamment compliqué pour ne pas être pollué. Cet article n’est pas un cours de biologie. Il se propose juste d’aborder ce sujet sous une forme simple, donc partielle. J’espère que cette volonté de vulgarisation ne sera pas porteuse d’inexactitudes.
Un neurotransmetteur (ou neuromédiateur) est une molécule chimique qui assure la transmission des messages sur de très petites distances d’un neurone à l’autre, au niveau d’une synapse. Les neurotransmetteurs sont synthétisés par le neurone qui transmet le message et, stockés dans des vésicules au niveau du neurone.
Rien à voir avec une hormone, produite par une glande ou un tissu spécialisé, qui circule par la voie sanguine et agit à distance pour assurer la transmission de messages entre les organes.
Mais comme rien n’est simple en ce domaine, de nombreuses molécules (des substances) sont des neurotransmetteurs quand elles sont produites par des neurones et des hormones quand elles sont sécrétées par une glande endocrine. Nous verrons que le cas n’est pas rare.
Pour tenter d’être complet il existe aussi des neurohormones dont je parlerai peu, qui sont bien produites par des neurones mais passent dans le sang et agissent à distance.
Mais neurotransmetteurs, hormones ou neurohormones nous sommes dans un univers où la chimie règne en maître : notre corps est le lieu de réactions électro-chimiques complexes et continues.
L’hormone du bonheur
Allez tout d’abord tordons le cou à ce mythe. Augustin d’Hippone (saint-Augustin) disait : « Le bonheur, c’est de continuer à désirer ce qu’on possède ». Simple, mais terriblement exigeant ! Notre société matérialiste du « tout-tout-de-suite » préférerait bien sûr qu’une potion magique nous procure à la demande un bonheur total et durable.
Or, la science ne définit pas le bonheur. Tout au plus peut-elle avancer avec prudence qu’il s’agit d’un état interne induit par un équilibre électro-bio-chimique complexe. Il faut certainement l’action conjuguée d’un déclencheur et de plusieurs hormones, neurotransmetteurs et neurohormones pour provoquer la sensation du bonheur.
Par abus de langage les champions de la facilité mettent selon les cas sous l’appellation « hormone du bonheur » la sérotonine, les endorphines, le GABA, l’acéthylcholine qui sont principalement des neurotransmetteurs. Mais aussi l’ocytocine, une neurohormone qui agit chez la femme sur le col de l’utérus pendant l’accouchement et ensuite sur les glandes mammaires pour initier l’allaitement.
Mais c’est tout. Les autres allégations concernant l’ocytocine, notamment ses facultés de sociabilisation ne sont pas, à ce jour, scientifiquement démontrées. Le reste : hormone du plaisir, hormone de l’attachement sentimental, hormone de l’orgasme ne sont, jusqu’à preuve du contraire, que des arguments marketing fallacieux. L’ocytocine est aussi un médicament gynécologique vendu en officine. Sur cette neurohormone, voir cet article sur Slate.fr.
Donc quand nous sommes heureux, savourons notre bonheur, concentrons-nous sur la cause, la personne, l’événement, l’exploit golfique, ou non, qui est à l’origine, sans nous inquiéter de la composition du cocktail chimique interne qui nous procure ce bien être. Et enfin prenons soin à ne pas confondre bonheur avec plaisir ou satisfaction d’un désir ! Mais ça c’est déjà de la philosophie…
Les neurotransmetteurs
On en connait à ce jour une soixantaine. Mais certains sont peut-être encore inconnus. Nous allons nous contenter d’en aborder quelques-uns dont les noms nous sont familiers.
L’acétycholine
C’est le « couteau suisse » des neurotransmetteurs. Il intervient dans le contrôle des mouvements et dans de nombreuses fonctions physiologiques. C’est aussi le messager chimique de la mémoire. Il commande notre capacité à mémoriser une information, la stocker et l’appeler à la demande.
Elle est fabriquée à partir de la choline (vitamines B) et la vitamine B5.
La choline est naturellement trouvée dans des aliments comme le foie, le jaune d’œuf, le soja ou le chou-fleur. La vitamine B5 est contenue particulièrement dans la gelée royale.
La dopamine
C’est elle qui fait défaut aux malades atteint de Parkinson. Elle intervient dans le mouvement musculaire, la croissance des tissus, le fonctionnement du système immunitaire, la sécrétion de l’hormone de croissance.
Elle est associée aux comportements d’exploration, à la vigilance, la recherche du plaisir et l’évitement de la punition par la fuite ou le combat.
Elle est synthétisée par certaines cellules du cerveau à partir d’un acide aminé, la tyrosine que l’on trouve dans des aliments comme les amandes, l’avocat, la banane, le soja, les produits laitiers.
Quand elle est produite par l’hypothalamus c’est une hormone. C’est cette hormone qui déclenche un frisson quand une musique nous émeut !
L’adrénaline
L’adrénaline est le neurotransmetteur et l’hormone du stress. Il n’y a rien de bien à en attendre si ce n’est qu’elle nous prépare à faire face à une situation dangereuse par le combat ou la fuite.
Comme neurotransmetteur elle est produite par certains neurones et assure le transport de messages entre neurones.
Comme hormone elle est produite par les glandes surrénales sous l’influence d’un stress.
Elle augmente le pouls, la pression sanguine, diminue la réflexion, augmente les capacités de contraction musculaire, la capacité respiratoire, dilate les pupilles, fait dresser les poils et les cheveux.
Une décharge d’adrénaline est un tsunami pour l’organisme. Sa durée d’action est d’environ 2 minutes.
Une overdose d’adrénaline provoque fatigue, manque d’attention, insomnie, anxiété, et peut conduire à la crise cardiaque ou la dépression.
Nous sommes loin de l’image positive de l’adrénaline qui prévaut dans les milieux sportifs. Elle est indispensable, vitale même pour faire face aux situations de danger. Elle n’apporte aucune lucidité, mais augmente, décuple même la force physique temporairement .
L’adrénaline est aussi un médicament utilisé en cas de choc anaphylactique ou d’arrêt cardiovasculaire.
La noradrénaline
C’est plutôt elle qui serait positive. La noradrénaline semble associée à des capacités d’éveil et d’apprentissage améliorées, à la sociabilité, la sensibilité aux signaux émotionnels, au désir sexuel.
Comme neurotransmetteur elle est produite dans le cerveau. Comme hormone elle est produite par les glandes surrénales où elle va intervenir dans la production d’adrénaline en cas de stress.
Chez l’Homme, un manque de noradrénaline affecte l’acquisition de connaissances et d’associations nouvelles.
Comme la dopamine elle est synthétisée à partir de la tyrosine. La caféine augmente la noradrénaline du cerveau.
La sérotonine
Dans le système nerveux central c’est un neurotransmetteur, dans le tube digestif c’est une hormone locale.
On la trouve en de nombreux endroits du corps mais principalement dans la paroi de l’intestin (80%), dans le foie, dans les plaquettes sanguines, et dans le système nerveux central (1%).
Elle intervient dans la régulation du cycle circadien, dans l’arrêt des saignements via les plaquettes sanguines, dans la mobilité digestives, dans des désordres psychiatriques tels que le stress chronique, l’anxiété, la dépression. Elle joue un rôle important sur l’humeur : une carence en sérotonine induit des comportements agressifs à très agressifs. Elle participe de la transmission et de la régulation de la douleur. Elle intervient dans la régulation de la température corporelle.
Attendu qu’elle exerce un rôle sur les neurones de la dopamine elle participe du contrôle des mouvements.
Comment intervient-elle dans la régulation des rythmes chronobiologiques, plus précisément dans notre système veille-sommeil ?
Entre 22h et 6h du matin une partie de la sérotinine se transforme en trois hormones dans la glande pinéale (appelée aussi hépiphyse) placée à la base du cerveau :
– la mélatonine, découverte en 1958, qui n’est pas du tout l’hormone du sommeil comme on l’entend trop souvent. Sa fonction première consiste à protéger les neurones de leur destruction progressive par les radicaux libres, lesquels sont tout à fait normalement fabriqués par notre organisme. La mélatonine est le plus puissant anti-radicaux libres connu ;
– la 6-méthoxy-harmalan (désolé pour le nom), découverte en 1961, hormone de la veille. Elle aide à nous réveiller et à nous tenir en éveil. Dès le réveil elle facilite l’augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque ;
– la valentonine enfin, véritable hormone du sommeil, découverte en 1994.
Dans le système nerveux central les neurones à sérotonine sont localisés dans le tronc cérébral d’où ils se projettent dans l’ensemble du cerveau et de la moelle épinière.
La sérotonine apparaît donc comme un neurotransmetteur de premier plan. Elle est synthétisée de manière complexe à partir d’un acide aminé essentiel le tryptophane que nous devons puiser dans notre alimentation. On le trouve dans le riz complet, les produits laitiers, la viande, les arachides, les protéines de soja, les œufs, le poisson, les légumineuses, le chocolat, la banane (la banane contient de la sérotonine mais non assimilable par l’organisme humain), les amandes et les noix de cajou.
L’activité physique, la marche, la course, la méditation aident à produire de la sérotonine, mais aussi des endorphines (autres neurotransmetteurs) qui aident à lutter contre la douleur !
Le GABA et le glutamate
Le GABA ou acide gamma-aminobutyrique est le neurotransmetteur le plus répandu dans le cerveau. Il évite l’emballement des neurones en freinant la transmission des signaux nerveux. Il semble aussi jouer un rôle dans les processus de mémorisation. Il procure calme et relaxation, diminue la tonicité musculaire et ralentit le coeur.
Il joue un rôle clé dans le contrôle de l’anxiété.
Le GABA est le régulateur d’un autre neurotransmetteur l’acide glutamique (ou glutamate) qui lui joue un rôle d’excitant. Depuis octobre 2015 et la publication des travaux d’une équipe de l’Université de Genève (UNIGE) nous savons que le glutamate est l’une des sources d’énergie essentielle pour le cerveau. Cette découverte pourrait avoir de multiples retombées pour le traitement de nombreuses maladies psychiatriques.
C’est l’acide glutamique qui est utilisé pour synthétiser le GABA au niveau des neurones. Il ne peut être apporté par l’alimentation.
Voilà ! Tout ça pour donner une idée de la complexité du fonctionnement du cerveau, de notre organisme et des systèmes de régulation mis en place pour nous assurer un comportement harmonieux. Tout ça pour montrer qu’en réalité nous ne sommes pas totalement maître de notre mental qu’un dysfonctionnement chimique peut perturber.
Bien sûr nous trouvons dans le commerce quantité de compléments alimentaires sensés nous apporter telle ou telle substance pour fabriquer ces neurotransmetteurs et nous maintenir en forme. Evitons les ! Une alimentation équilibrée devrait suffire. Une bonne hygiène alimentaire sur le parcours peut y aider. Et si vraiment il y a un problème, qui peut se manifester par une grande fatigue persistante, une séquence mélancolique, une agressivité inaccoutumée… il faut consulter.
Nouvelle expérience sur l’ocytocine
Une étude publiée le 7 juin 2016 dans la revue Social Cognitive an Affective Neuroscience présente les résultats d’une expérimentation menée par le Département de psychologie de l’Université de Caroline du Nord aux États-Unis.
L’expérimentation a porté sur 83 sujets masculins dit Midlife (âgés de 30 à 60 ans environ). Une partie de ces patients a reçu une administration par voie nasale d’ocytocine (OT) alors que l’autre partie recevait un placebo.
Les participants ont ensuite du répondre à des questions portant sur la spiritualité. Les résultats montrent que l’injection intranasale d’OT a augmenté la spiritualité auto-déclarée sur deux mesures distinctes et cet effet a persisté de manière significative une semaine plus tard.OT a également stimulé le ressenti d’émotions positives spécifiques de la part des participants pendant les séances de méditation, aux niveaux explicites et implicites.
Faut-il voir là la démonstration tant attendue des effets espérés par certains de l’ocytocine ? Affaire à suivre…