Actuellement réunis en congrès à Rennes, les membres de la société francophone d’arthroscopie lancent un message pour sensibiliser le corps médical et le grand public à la nécessité de « sauver les ménisques », qui jouent un rôle d’amortisseur dans les articulations. Actuellement, trop de chirurgie retire les parties lésées par facilité et pour répondre aux demandes des patients désireux de reprendre très vite une activité physique. Mais au risque de problèmes ultérieurs. Explications de François Sirveaux, professeur de chirurgie orthopédique et traumatologique au CHU de Nancy et actuel président de la Société francophone d’arthroscopie.
Le Point : Qui opère-t-on du ménisque aujourd’hui ?
Pr François Sirveaux : Plus de 1,6 million de ménisques ont été opérés de façon isolée au cours des douze dernières années (200 000 en 2016). Il s’agit de la chirurgie ostéoarticulaire (ou orthopédique) la plus fréquente en France. On intervient aussi bien chez les victimes de traumatismes du sport ou autres que chez les personnes âgées. Il faut savoir qu’il peut y avoir un lien entre pathologie méniscale et arthrose, cette dernière touchant non seulement le cartilage, mais aussi des tissus mous du genou, dont le ménisque, la synoviale…
Comment opère-t-on ?
Depuis plus de trente ans, en France, cette chirurgie se pratique sous arthroscopie : l’intervention qui consiste à aller dans une articulation avec une caméra et des instruments miniaturisés. Au départ, on se contentait d’enlever le ménisque malade ou lésé. De nombreux spécialistes continuent à opérer de la sorte pour deux raisons : d’abord parce que c’est un geste plus simple et surtout parce que la récupération est plus rapide. Les patients peuvent reprendre une activité normale au bout d’une semaine.
Mais les études montrent que dix ou vingt ans plus tard, il y a une usure prématurée du genou, une dégénérescence du cartilage qui peut être liée au retrait de cet amortisseur. Il faut donc changer les pratiques et c’est le sens de notre message aujourd’hui, adressé autant aux médecins qu’aux patients.
Que prônez-vous aujourd’hui ?
Avec quelles suites opératoires ?
Le patient doit prendre un certain nombre de précautions, en termes d’appui et de mobilisation du genou. Tout dépend du geste réalisé. Mais il faut bien avertir les personnes que cela vaut le coup, car, si les ménisques sont conservés, leur genou fonctionnera mieux plus longtemps. Ce qui compte n’est pas le résultat à court mais à long terme. D’ailleurs cette démarche de préservation est prônée par la Société européenne d’arthroscopie. La France est un peu en retard dans ce domaine, c’est pourquoi on veut promouvoir et expliquer cette pratique chirurgicale.