Accueil Joan Roch
Auteur, photographe, conférencier, ultra-marathonien, journaliste… et DevOps à temps perdu.
Auteur de «Ultra-ordinaire – Journal d’un coureur» (2016, Les Éditions de l’Homme), et de «Ultra-ordinaire 2 – Odyssée d’un coureur» (2021, Les Éditions de l’Homme).
Photographe pour mes propres livres et ma future expo photo, mais aussi pour des magazines, quotidiens et autres médias.
Conférencier TEDx, en entreprise, dans les écoles et tout autre événement.
Journaliste pigiste pour le magazine Espaces principalement ces derniers temps.
Ultra-marathonien, auparavant spécialisé dans les courses de 160 km, mais avec une tendance récente à courir quelques jours (semaines) de suite.
Athlète commandité par Iamrunbox, Luna Sandals, Ciele Athletics et Boutique Endurance. Également épaulé par Compressport, Suunto et Ultimate Direction.
L’été passé, l’ultra-marathonien Joan Roch a couru de Percé à Montréal, le long du Saint-Laurent, sur près de 1135 km. Il publie ce 24 mars le récit épique de son aventure dans ce livre, Ultra-ordinaire 2 : odyssée d’un coureur, paru aux Éditions de l’Homme.
Son livre n’est pourtant pas la simple narration d’une aventure de 15 jours à travers le Québec, en pleine pandémie. Au contraire, c’est une véritable odyssée, à la manière d’Ulysse, le héros mythologique d’Homère.
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Ce voyage, Joan Roch l’a commencé bien avant ses premières foulées du 4 aout 2020 en Gaspésie. En 2016, alors qu’il publie son premier ouvrage, Ultra-ordinaire : journal d’un coureur, également aux Éditions de l’Homme, l’auteur qui avait couru 6 courses d’ultra-trail en 2015, est usé, fatigué de courir. Ironique, non? Joan Roch en convient :
« J’essaie, dans ce deuxième livre, d’expliquer pourquoi et comment j’ai vécu cette usure physique et le fait d’avoir arrêté net tout cela. Quand tu es identifié en tant qu’individu par une activité, cela peut être considéré comme un abandon et donc comme un échec. Cela reste encore tabou, mais je me suis rendu compte que cela pouvait pourtant concerner et rejoindre beaucoup de personnes. »
UNE ÉPOPÉE QUÉBÉCOISE
Il a pourtant repris et rechaussé ses souliers de course. À son rythme. En prenant plaisir à redécouvrir les plaisirs simples de l’activité, loin des compétitions internationales.
« Je m’y suis remis, en grande partie grâce à la photographie, indique l’ultra-marathonien, qui collabore aussi au magazine Espaces. J’aime prendre des photos pendant mes sorties. Cela m’a remis sur les rails. À force de courir, je me suis remis en forme. J’avais le projet d’écrire un deuxième livre, mais quoi dire, quoi raconter? »
Il envisage alors de participer la Triple Couronne (Triple Crown), une série de trois courses de plus de 320 km (200 miles), organisée aux États-Unis et à courir lors de la même saison. La pandémie a eu raison de ses ambitions états-uniennes, mais pas de son envie de longue distance.
« Tant qu’à m’être si bien entraîné pendant des mois, pourquoi ne pas courir l’équivalent au Québec? J’avais le temps et les jambes pour le faire », explique-t-il. Le voilà donc parti courir le Saint-Laurent.
HEUREUX QUI COMME JOAN
© Joel Lemay / Agence QMI.. Comme Ulysse en son temps, le périple de Joan Roch fut parsemé d’embûches, de défis et de douleurs : un sac à dos trop chargé au départ ; le dénivelé de la 132 en Gaspésie ; le vent du fleuve ; la canicule ; une irritation cutanée, un pied et un tibia enflés faisant craindre une infection à la bactérie mangeuse de chair…
Persévérant, il s’est rendu jusqu’au sommet du Mont Royal. « J’avais l’impression d’écrire mon histoire et l’histoire de ce livre avec mes pieds. Cela m’a aidé à continuer malgré la fatigue et la douleur. Je voulais finir et me rendre au bout », confie-t-il.
Une page du livre de Joan Roch
Ce livre, illustré par les magnifiques photos prises par Joan Roch lui-même, est donc à la fois un récit intime de toutes ses années de doutes et de joies, et une ode à la persévérance et à la résilience.
« J’avais à cœur dans cet ouvrage d’expliquer tout ce que j’avais appris au cours de ces dernières années. Des enseignements qui peuvent s’appliquer dans nos vies, pas juste pour la course à pied. Ne pas avoir peur d’aimer, de se lancer dans des défis et de s’adapter face aux changements et aux imprévus. Avancer malgré tout, même si on n’arrive pas forcément au bout. Ce n’est pas là l’essentiel », conclut-il, espérant pouvoir rencontrer cet été ses lecteurs dans des conférences avec du public.
LES MONTAGNES RUSSES DU COUREUR
Derrière les 1135 km parcourus par Joan Roch l’été dernier pendant deux semaines entre Percé et Montréal, il y a tout un amalgame d’émotions. Le ras-le-bol de la course, le grand retour, la vie de couple qui implose avant de renaître sous une autre forme et l’éternelle quête de dépassement de soi. C’est cette histoire, dans l’ordre et le désordre, que raconte Ultra-ordinaire 2 – Odyssée d’un coureur, un livre au ton sportif et personnel, qui rappelle que l’amour donne… des jambes.
Pour saisir toute l’essence du puissant récit de Joan Roch, Français d’origine établi au Québec depuis 1997, il faut d’abord revenir quelques années en arrière. En 2016, plus précisément, l’ultramarathonien, auteur, conférencier et programmeur de métier, publiait le premier tome de ses aventures.
Voguant sur un vif succès, autant grâce à son livre qu’aux photos uniques de ses courses et à son image de coureur influenceur sur les réseaux sociaux, tout baignait dans l’huile. Sauf à la maison.
Père de trois enfants, Roch, de peur que son union fonce droit dans le mur, a choisi d’abandonner son sport, disparaissant soudainement des radars de la communauté de la course à pied. Or, son couple ne s’en est pas mieux porté.
« J’ai essayé, mais je n’ai pas réussi à ne pas courir. Mes problèmes étaient bien plus complexes que la course à pied », résume le coureur devant l’Éternel, lors d’un entretien avec Le Journal.
« Après un moment, je me suis rendu compte que la course, même si je connaissais mon trajet par cœur entre la maison et le travail, ça me manquait. C’était le moyen le plus simple de me déplacer et j’ai repris la course quasiment par dépit, parce que c’est ce que je sais faire. Je n’avais aucune conviction que ça allait de nouveau me plaire à court, moyen ou long terme. »
LA RENCONTRE D’UNE VIE
En janvier 2019, Joan Roch avait renoué avec la course depuis deux ans, mais en cachette de ses fervents, de peur de générer des attentes vaines. C’est à ce moment qu’une simple entrevue avec la journaliste, autrice et coureuse Anne Genest a tout bouleversé.
Cette première rencontre a rapidement tourné à l’idylle avec celle qui partageait sa soif insatiable de découvertes et de grands défis, pour raviver la flamme qui vacillait encore profondément en lui.
Trois mois plus tard, à travers une inévitable séparation, sa nouvelle vie lui redonnait les ailes pour voler vers des sommets inexplorés.
« C’est délicat de raconter le tout dans mon livre, mais c’était essentiel pour que l’histoire soit complète. J’aurais trouvé ça malhonnête comme livre si j’avais escamoté tout ça. Il fallait que je me livre sur le plan personnel pour expliquer comment l’envie de renouer avec de grands défis est revenue », note Joan Roch au sujet de son livre, raconté à la manière d’un journal intime dans lequel s’entrecroisent les récits de ses courses dans toutes les conditions imaginables, ainsi que les méandres sentimentaux qui lui ont permis de reconstruire sa forme.
UNE DURE ODYSEE
C’est donc un coureur à l’esprit plus léger qui a renoué avec le véritable entraînement dans les mois qui ont suivi le branle-bas amoureux.
Puisque la pandémie a frappé et que les compétitions ont été rayées de la carte, l’idée d’une odyssée entre Percé et Montréal a germé. En abordant tous les détails du périple dans son livre, il permet au lecteur de vivre toute l’intensité de l’aventure à travers les moments d’euphorie, de détermination, mais aussi de vulnérabilité.
Rien de tel pour se plonger dans ses sandales, outil de course de prédilection de Joan Roch l’été dernier.
« C’était important de faire cette odyssée. Ça m’a fait accélérer dans ce que je voulais faire en course à pied. J’avais déjà l’ambition de faire des courses sur plusieurs jours, mais je remettais ça à plus tard parce que c’était compliqué et j’avais plein d’excuses plus ou moins valables. Sous la contrainte, j’ai été forcé de choisir autre chose qu’une compétition chronométrée avec un dossard et ça a été la meilleure décision.
« Courir, c’est une manière vraiment intéressante d’explorer le Québec. J’ai choisi ce parcours le long du fleuve pour des raisons esthétiques. J’ai pu le voir évoluer de jour en jour. C’est saisissant et c’est une manière très intime de découvrir un territoire », s’exprime-t-il après coup.
Ultra-ordinaire 2 – Odyssée d’un coureur, c’est finalement bien plus qu’un bouquin pour les amants de la course à pied. Il faut plutôt y voir une ode au dépassement et à la nécessité de suivre ses convictions personnelles.
UNE PARTENAIRE DANS LES GRANDS MOMENTS
Pour accomplir de grandes choses, il faut un modèle fort. Depuis qu’ils sont partenaires de vie, Anne Genest et Joan Roch se nourrissent de la course à pied pour se servir d’inspiration mutuelle.
« Il y a la course, mais il y a aussi l’écriture et des philosophies de vie qui sont très similaires. Joan et moi, on aime à la base relever toutes sortes de défis », précise Anne Genest.
Les deux coureurs se sont poussés à un tout autre niveau dans leur passion depuis leur rencontre heureuse de janvier 2019. Depuis, ils sont aux premières loges de leurs exploits respectifs, plutôt que d’y voir des contraintes.
« Plus tu cours et plus tu as du temps pour penser. Tranquillement, je me suis donné le droit de prendre des décisions pour moi et j’ai ouvert mes ailes », image la muse de Joan Roch.
DU SOUTIEN
Même si c’est ce dernier qui a parcouru les 1135 km qui séparent Percé de Montréal, sa partenaire se trouvait avec lui. Non seulement elle a enfilé les espadrilles à ses côtés pour les derniers jours de l’aventure, mais auparavant, c’est elle qui gérait à distance la logistique pour aider son homme.
« Je suivais son parcours grâce à une puce minute par minute. Je l’informais sur les prochains points d’eau. J’essayais de trouver à distance des alliés pour l’aider. »
« Puis, quand j’ai couru avec Joan, je l’ai vu dans tous ses états. Je peux maintenant dire que je sais comment il réagit, autant quand ça va très bien que quand ça ne va pas du tout. Je l’ai vu tellement épuisé qu’il se refermait. J’avais à côté de moi quelqu’un de décidé, avec tellement de détermination », lance-t-elle d’un ton admiratif.
UN BEAU MESSAGE
Pour le couple, le livre qui vient de paraître représente l’occasion de passer un message qui va bien au-delà de la course à pied.
« Ce que je voudrais que les gens retiennent, c’est que ce genre de défi, on peut l’appliquer à plusieurs sphères de notre vie. C’est bien plus que pour des courses de longue distance. Ce livre encourage à réaliser des projets que l’on pense inatteignables. Des fois, on a le goût de dire que quand c’est dur, c’est beau. C’est le genre de message auquel il faut s’accrocher ces temps-ci. En temps de pandémie, il faut de la lumière », résume Anne Genest.
L’IMPORTANCE DE COURIR
« Ce sont des mots dont on a trop peur. »
LES SANDALES !
« Les sandales font partie de ma recherche de me passer au maximum du matériel. Les grosses chaussures coussinets font partie des choses dont on n’a pas forcément besoin. C’est un choix que j’ai fait, pas pour marquer l’imaginaire des gens. C’est moi qui allais courir 1135 km et j’ai opté pour ce qui serait le plus confortable selon mon historique de coureur. »
LE TEMPS INVESTI
« Les défis comme Percé-Montréal sont optionnels. Par contre, courir tous les jours, ça ne l’est pas. Les gens me demandent à quel point ça me demande du temps. Je cours environ 1 h 30 par jour, ce qui est beaucoup par rapport à d’autres coureurs, mais il me reste quand même 22 h 30 minutes dans la journée pour faire tout le reste ! »
UN GRAND PROJET
« J’aurais peur, si je me lançais dans un autre gros projet de course dès cet été, de ne pas être prêt mentalement à revivre ce que j’ai vécu. J’ai des idées, mais ce ne sera pas avant 2022. Si je vise quelque chose de plus gros, ça veut forcément dire quelques milliers de kilomètres, donc il ne me faudra pas deux semaines, mais plusieurs mois. On ne parle pas du tout de la même organisation. Je n’en suis pas là et je n’ai aucune idée de comment ça s’organiserait, mais ça me trotte dans la tête. Une traversée pancanadienne, ce serait la suite logique. »
– Stéphane Cadorette